Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Jokebed</em> Heyns, Peeter (1537-1598) 1596 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1596_heyns_jokebed_dedicace 1596 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k708118" target="_blank" rel="noreferrer noopener">Gallica</a>
Français

À très honnête et vertueuse damoiselle, Mademoiselle Malapart, femme de Monsieur André van der Meulen, jadis député de Messeigneurs les États de Brabant, en leur conseil d'État, et échevin de la très renommée ville d'Anvers.

Dès que passai la mer avec vous, Mademoiselle très honorée, en la compagnie de Monsieur votre mari et ses plus proches, mes grands amis et bons seigneurs, je vous ai toujours estimée et réputée vraie et fidèle mère pour avoir remarqué en vous une singulière cure et soin indicible d'élever votre enfant premier-né, je dis votre fille aînée, Mademoiselle Suzanne, laquelle vous aviez alors en votre sein et sur les bras, l'emmaillotant et traitant sur l'eau, si aimablement et doucement que rien plus, supportant en toute patience l'affliction d'abandonner vos biens et la patrie dont vous vous exilâtes volontairement pour le fait de la religion ; ce que considérant, me va souvenir de la tragi-comédie de Moïse, en son enfance exposé par sa mère au fleuve du Nil, laquelle je fis il y a quelques années jouer en Anvers, par les disciples de notre école et proposai dès lors à part moi que si quelque jour je la faisais mettre en lumière, que ce serait sous votre nom, m'y sentant étroitement obligé pour l'amitié qu'adonc je reçus de votre maison, et singulièrement pour l'honneur que me fîtes par après de colloquer entre nos mains votre dite fille, étant devenue capable d'être instruite en toutes bonnes mœurs et sciences honnêtes, convenantes à fille de telle qualité, nous la recommandant non pas à demi (comme la plupart des mères ont de coutume), ains entièrement comme il faut, selon le sage avis de Monsieur votre mari qui sait fort bien que c'est d'une bonne république et conséquemment de l'éducation de la jeunesse. Or je vous la dédie maintenant d'une affection sincère et humble, vous priant bien affectueusement de l'avoir pour agréable et la recommander à toutes bonnes mères pour s'y mirer quand quelque chose inopinée leur adviendra (ainsi que bien souvent advient aux fidèles en ce monde) et elles y trouveront, comme j'espère, la confrontant avec celle qui advint à notre Jokebed, une telle consolation, qu'elles en recevront vrai repos et contentement d'esprit. Lequel aussi prierai Dieu, Mademoiselle, vous vouloir donner à souhait, ensemble à Monsieur votre mari et à Mademoiselle votre fille, la grâce de pouvoir imiter toujours, sans dégénérer en rien, le bon naturel de vous deux.

De Harlem, ce premier d'août 1597,

L'an 60 de la nativité de

Votre très humble et bien affectionné serviteur,

Pierre Heyns.