Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Tragédie sacrée d’Holopherne et Judith</em> Heyns, Peeter (1537-1598) 1596 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1596_heyns_judith_dedicace 1596 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À très honnête et vertueuse damoiselle, Mademoiselle Van Nispen, veuve de feu Monsieur Hootsman de louable mémoire.

Mademoiselle très honorée, il y a longtemps que j'ai fort désiré de faire paraître publiquement l'affection et respect que je vous porte et porterai à jamais en reconnaissance de l'honneur et faveur que nous (je dis moi et les miens) avons reçu de vous en plusieurs endroits, tant en Anvers (notre bien chère patrie) qu'en Allemagne, Oostlande et ailleurs où nous nous sommes entretrouvés. Et pensant à part moi, comment je le pourrais faire honnêtement en vous agréant, je me suis avisé de vous dédier une des comédies ou tragédies, jouées il y a quelques années par les disciples de notre école, au nombre desquelles furent aussi mes damoiselles vos chères filles à la requête de qui vous fîtes faire par une honnête libéralité qui vous est comme naturelle, quelques habillements de soie pour accoutrer certains personnages desdites comédies. Et à qui la pourrai-je aussi mieux adresser qu'à celle que je connais de longtemps vraie amatrice de toute honnête récréation et par conséquent de la comédie et tragédie grave et modeste comme sont celles dont nous venons de parler. Or étant l'an passé sollicité bien instamment par quelques miens amis, amateurs de vertu, de mettre en lumière à l'édification du sexe féminin celle des ménagères comme je fis aussi, je me résolus alors de publier à votre honneur la tragédie d' Holopherne et Judith , laquelle je jugeai entre les autres mieux vous convenir ; en premier lieu parce qu'elle traite de la vraie viduité, auquel état vous avez déjà été l'espace de quinze ans, bien qu'à votre grand regret, pour avoir perdu un tant homme de bien, que fut d'heureuse mémoire, le saint Hoostman, votre feu mari ; et après parce que vous prîtes si grand plaisir à la voir représenter comme souvent vous ai entendu et même de votre propre bouche, dont je m'assure fermement que vous ne prendrez moindre plaisir à la feuilleter et remirer quelquefois à part vous. Je vous la dédie et consacre donc maintenant d'une affection sincère et entière, vous priant la recevoir de la pareille, comme je n'en doute aucunement. Et à tant, Mademoiselle, me recommanderai à la continuation de vos bonnes grâces, suppliant Dieu vous élargir tant les siennes qu'en décevant et surmontant le cruel Holopherne (je dis ce lion rugissant qui tâche nuit et jour à dévorer les fidèles) vous puissiez en Judith avec tous les vôtres chanter à jamais le cantique d'éternelle louange. Ainsi soit-il,

De Harlem, ce premier de mai, 1596.

Votre très humble et bien affectionné serviteur et ami,

Pierre Heyns.

À très honnête et vertueuse damoiselle, Mademoiselle Van Nispen, veuve de feu Monsieur Hootsman de louable mémoire.

Mademoiselle très honorée, il y a longtemps que j'ai fort désiré de faire paraître publiquement l'affection et respect que je vous porte et porterai à jamais en reconnaissance de l'honneur et faveur que nous (je dis moi et les miens) avons reçu de vous en plusieurs endroits, tant en Anvers (notre bien chère patrie) qu'en Allemagne, Oostlande et ailleurs où nous nous sommes entretrouvés. Et pensant à part moi comment je le pourrais faire honnêtement en vous agréant, je me suis avisé de vous dédier une des comédies ou tragédies, jouées il y a quelques années par les disciples de notre école, au nombre desquelles furent aussi mesdemoiselles vos chères filles à la requête de qui vous fîtes faire, par une honnête libéralité qui vous est comme naturelle, quelques habillements de soie pour accoutrer certains personnages desdites comédies. Et à qui la pourrai-je aussi mieux adresser qu'à celle que je connais de longtemps vraie amatrice de toute honnête récréation et par conséquent de la comédie et tragédie grave et modeste comme sont celles dont nous venons de parler ? Or étant l'an passé sollicité bien instamment par quelques miens amis, amateurs de vertu, de mettre en lumière à l'édification du sexe féminin celle des ménagères comme je fis aussi, je me résolus alors de publier à votre honneur la Tragédie d'Holopherne et Judith, laquelle je jugeai entre les autres mieux vous convenir ; en premier lieu parce qu'elle traite de la vraie viduité, auquel état vous avez déjà été l'espace de quinze ans, bien qu'à votre grand regret, pour avoir perdu un tant homme de bien que fut d'heureuse mémoire, le saint Hoostman, votre feu mari ; et après parce que vous prîtes si grand plaisir à la voir représenter comme souvent vous ai entendu et même de votre propre bouche, dont je m'assure fermement que vous ne prendrez moindre plaisir à la feuilleter et remirer quelquefois à part vous. Je vous la dédie et consacre donc maintenant d'une affection sincère et entière, vous priant la recevoir de la pareille, comme je n'en doute aucunement. Et à tant, Mademoiselle, me recommanderai à la continuation de vos bonnes grâces, suppliant Dieu vous élargir tant les siennes qu'en décevant et surmontant le cruel Holopherne (je dis ce lion rugissant qui tâche nuit et jour à dévorer les fidèles) vous puissiez en Judith avec tous les vôtres chanter à jamais le cantique d'éternelle louange. Ainsi soit-il,

De Harlem, ce premier de mai, 1596.

Votre très humble et bien affectionné serviteur et ami,

Pierre Heyns.