Aux lectrices.
Mes très honnêtes et vertueuses dames, tout ainsi qu'en vous mirant en un beau et clair miroir de cristal, vous y voyez la beauté de vos faces, et les taches (quand il y en a) qui les enlaidissent, si elles ne sont lavées d'une eau pure et nette ; de même vous sera représentée, en ce miroir de papier, la perfection de vos bonnes mœurs et l'imperfection d'icelles. Car on dit en commun proverbe : qui bien se mire, bien se voit, et qui bien se voit, bien se connaît. Or si vous vous y connaissez pour vraies Suzannes, rendez-en grâces infinies au souverain donateur de tous dons parfaits. Mais si au contraire (que Dieu ne veuille) vous vous voyez entachées des vices de la Nemra, efforcez-vous de vous en purger, prenant votre recours en foi à la vraie fontaine de vie, notre seigneur Jésus-Christ, et vous en serez (comme la Samaritaine jadis le fut) entièrement nettoyées, et façonnées à vivre chrétiennement. Ce qu'à jamais nous vous souhaitons d'une affection sincère et amiable, vous priant recevoir notre présent, tel quel, de bonne part, et le mettre en vos cabinets, pour y contempler parfois vos comportements journaliers. Quoi faisant, vous ferai aussi, Dieu aidant, voir bientôt semblable miroir des veuves, tragédie joyeuse d'Holopherme et Judith, puis après celui des filles à marier, comédie plaisante, aussi le miroir d'une vraie mère, comédie tragique du sauvement de Moïse. Et finalement pour un à Dieu, la fin de tout homme, représentée par les dix vierges, Matt. 24. Et à tant me recommande à vos bonnes grâces.