À Mademoiselle Abigail Faguel, femme de Monsieur Cromhout, Conseiller de la Cour provinciale de Hollande et Zélande.
Comme ainsi soit, Mademoiselle très discrète, que j'ai été plusieurs fois requis, et encore naguère de quelques gens de qualité, de vouloir publier et mettre en lumière les comédies et tragédies des trois états de la femme, à savoir de la fille chaste, de la matrone vertueuse et de la veuve constante, que nous avons fait jouer à nos commensales en Anvers, devant la rendition d'icelle, pour tant mieux nous acquitter en notre profession, qui est, comme vous savez, d'enseigner aux jeunes filles la langue française et toute autre honnêteté. J'ai bien voulu enfin leur complaire, en faisant imprimer pour un commencement (tant en flamand qu'en français) non celle qui devrait être la première, ains la troisième, parce que c'est la plus connue, pour avoir été l'an passé encore une fois exhibée par les nôtres à Stade (ville d'Oostlande, située à l'endroit du fleuve Albis) comme aussi un peu auparavant elle a été représentée ici à Harlem par les écolières d'Offermans mon gendre. Et je sais tant plus volontiers que je le puis faire à cette heure sous le nom d'une qui presque a assisté en toutes icelles, en y représentant toujours l'un des principaux personnages, et ce si proprement et naïvement que
De notre école à Harlem, ce premier mai 1595,
Votre très humble et affectionné serviteur et ami,
Pierre Heyns.