Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Suzanne</em> Heyns, Peeter (1537-1598) 1596 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1596_heyns_suzanne_dedicace 1596 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Mademoiselle Abigail Faguel, femme de Monsieur Cromhout, Conseiller de la Cour provinciale de Hollande et Zélande.

Comme ainsi soit, Mademoiselle très discrète, que j'ai été plusieurs fois requis, et encore naguère de quelques gens de qualité, de vouloir publier et mettre en lumière les comédies et tragédies des trois états de la femme, à savoir de la fille chaste, de la matrone vertueuse et de la veuve constante, que nous avons fait jouer à nos commensales en Anvers, devant la rendition d'icelle, pour tant mieux nous acquitter en notre profession, qui est, comme vous savez, d'enseigner aux jeunes filles la langue française et toute autre honnêteté. J'ai bien voulu enfin leur complaire, en faisant imprimer pour un commencement (tant en flamand qu'en français) non celle qui devrait être la première, ains la troisième, parce que c'est la plus connue, pour avoir été l'an passé encore une fois exhibée par les nôtres à Stade (ville d'Oostlande, située à l'endroit du fleuve Albis) comme aussi un peu auparavant elle a été représentée ici à Harlem par les écolières d'Offermans mon gendre. Et je sais tant plus volontiers que je le puis faire à cette heure sous le nom d'une qui presque a assisté en toutes icelles, en y représentant toujours l'un des principaux personnages, et ce si proprement et naïvement que le los et la mémoire en demeurera à toujours empreinte ès auditeurs et spectateurs d'alors. Par quoi me déporterai d'en parler davantage, seulement vous prierai bien affectueusement, Mademoiselle, qu'il vous plaise la recevoir d'une telle affection qu'elle vous est dédiée, m'excusant quand l'occasion s'en présentera envers ceux qui, contre l'opinion de plusieurs hommes doctes et craignant Dieu, veulent maintenir qu'il vaut mieux avoir femme idiote que savante, et que par ainsi il n'est pas licite d'exercer aucunement ès écoles les jeunes filles en tel exercice, sous prétexte que ce sexe s'en débauche par trop, et en devient trop hardi et effronté. Dont vous et monsieur votre mari, ensemble tous ceux qui vous connaissent, me témoigneront le contraire, et que cela ne vous a en rien empêché, ains plutôt avancé, d'être vraie ménagère (comme par la grâce de Dieu vous êtes) et accomplie en toute honnêteté et douceur, en laquelle le Seigneur vous veuille maintenir à jamais, vous donnant avec monsieur votre mari une vie longue, plaisante et salutaire,

De notre école à Harlem, ce premier mai 1595,

Votre très humble et affectionné serviteur et ami,

Pierre Heyns.