Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>La Macchabée</em> Virey, Jean de 1598 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1598_virey_machabee 1598 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
<a href="https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb393249647" target="_blank" rel="noreferrer noopener">Arsenal 8-BL-13978</a>
Français

À haute et illustre dame, Madame la maréchale de Matignon.

Madame, ayant reçu cet honneur que d’avoir l’espace de plus de vingt et cinq ans fait service à Monseigneur le maréchal, tant au commandement que j’ai eu sous le bon plaisir du roi et de lui en la ville et château de Cherbourg, qu’autres endroits où il a trouvé bon faire preuve de ma diligence et fidélité, je ne puis moins que de lui vouer, à vous et à votre illustre maison, tout ce qui se peut désirer du devoir et de moi et de mes enfants, comme à celui duquel je tiens, après Dieu, le meilleur de mon tout. Durant lequel temps les armes n’étant si avancées, comme le malheur nous les a depuis fait pratiquer, interposant quelquefois relâche aux plus sérieux travaux que je prenais en la garde du lieu, je prenais aussi plaisir à la lecture des bonnes et saintes lettres, exercice premier de ma jeunesse, lorsque j’étais étudiant aux universités fameuses de ce royaume. Et lors tombant en main l’histoire tragique des Macchabées, il me sembla bon la réduire en vers français, afin de mieux faire goûter au lecteur l’énergie d’icelle, et quant et quant exciter son cœur à préférer les commandements de Dieu et saintes traditions de nos pères, servantes à l’intégrité de la religion, à toute espèce de malheur. Cestui mon labeur était demeuré comme enseveli jusques aux jours calamiteux de nos dernières guerres civiles, qu’il m’est ressouvenu voir ce qu’auparavant j’en avais projeté. Puis entre tous les plus signalés discours de matière si recommandable, j’ai extrait d’un mien plus grand œuvre Le Martyre des sept frères et de Solomone leur mère, illustre princesse de Judée, lequel m’a semblé merveilleusement admirable et digne d’être vu, quoiqu’il soit de Muse plus guerrière que studieuse. Or comme cette heureuse mère était accomplie de vertu reluisante en sainte vie et de courage plus que viril, outre les considérations précédentes du service que je vous dois, il m’a semblé ne pouvoir dédier ce mien petit œuvre à dame qui en fût plus digne que vous en conformité de vie, zèle de religion et sagesse, assistée de prudence et de patience, rapportant en conférence l’heureuse mort des sept frères et patience de mère, aux pertes faites de messeigneurs vos enfants, et de nouveau en la mort de monseigneur le comte de Thorigny, laquelle notre France et les plus signalés que je dirai de la Chrétienté déplorent avec vous, et regrettent avec moi, comme celui duquel l’espérance conçue de longtemps était jà satisfaite, ayant fait preuves d’une héroïque vertu, pour s’être employé aux affaires de la couronne, et encore enrichi de l’honneur qu’il reçut en la journée d’Ivry, qu’il plût au roi se joindre et rendre sous  sa cornette en la déroute de son armée, qui depuis victorieux emporta le champ. Donc prenant par moi résolution sur l’assurance de votre naïve bonté jointe à la particulière obligation de mon devoir, j’ai pris hardiesse le vous présenter avec espoir que le recevrez d’aussi bon cœur, comme je la vous donne, pour être de même joint à mon service. En cet endroit, je prierai le Créateur, Madame, vous tenir en sa grâce, et moi en la vôtre. De Vallognes ce 25 de mars 1596.

Votre très humble et très obéissant serviteur Jean de Virey, sieur du Gravier.