Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Aimée </em>dans <em>Les Œuvres du sieur de Fiefmelin<br /></em> Mage, André 1601 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1601_mage_oeuvre_dedicace-aymee 1601 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
<a href="https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb393313809" target="_blank" rel="noreferrer noopener">Arsenal 8-BL-8991</a>
Français

À Mademoiselle de Marennes.

Préface sur le jeu suivant fait en sa faveur.

Voici, Madame, en ce jeu tragi-comique, les contraires effets d'Amour. Étant divers en sa nature, il opère ainsi diversement, et selon les différents sujets qu'il rencontre. L'amour saint, et tendant à la fin que Dieu lui a prescrit, est louable, et ne produit autres fruits que d'honneur et de plaisir. Mais tout autre amour charnel et mondain est vicieux et damnable. Il réduit son sujet en tel état, sous ses maîtresses passions qui l'emportent, qu'il le perd et violente à mort. Notre désespéré, l'effrayant tel à son dam, le vous fera  bientôt voir ainsi. Content tout au contraire, obtenant heureusement la jouissance de ses plus chastes amours, destinées au ciel et consumées en la terre, en triomphera sans peine selon son désir au sein de son Aimée. L'amour (ainsi que notre nature humaine conçoit et que l'avril de nos ans engendre) doit tirer sa naissance d'en-haut, et finir çà-bas parmi nous au seul point de mariage, comme au vrai centre établi à l'arrêt de nos désirs, où toutes les plus droites lignes de nos affections doivent tendre et s'y rendre. Cet état de mariage, honorable entre autres, fut le premier institué de Dieu au bien commun de tous en général, et à la réparation de chaque individu se perdant en particulier, tant pour le repeuplement du monde universel par l'entresuite et propagation de légitime lignée, que pour avoir un chacun son aide semblable à soi, et aussi pour remédier à l'indue concupiscence et effrénée intempérance de notre chair, viciée en la nature de notre premier père corrompu par sa chute de bien au mal. Prenez-en gré, je vous prie, Madame, et selon le jour et l'appétit la viande que je vous sers. L'un et l'autre amour, étant le mets plus délicat que j'essaye de vous faire goûter : si le palais de votre bouche n'est bien dégoûté, il savourera parmi le fiel de cette vie le miel plus délicieux de l'un, et jugera du dégoût et amertume de l'autre ne venant jamais à bonne fin ni à maturité. Tels sont mes fruits de jeunesse, et tels que la saison les nous porte, je les vous apporte.