Transcription Transcription des fichiers de la notice - 50. Séance du 25 février 1820 1820/02/25 chargé d'édition/chercheur Courant, Elsa (éditeur scientifique) Elsa Courant, CELFF ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1820/02/25 Fiche : Elsa Courant, CNRS – Sorbonne université ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
français

Séance du Vendredi 25 février 1820

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M. d'Aguilar

M. de Cambon

M. de Malaret

M. d'Aubuisson

M. d'Aiguesvives

M. Serres de Colombars

M. l'abbé de Rozières

M. Jouvent

M. Pinaud

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M. Dralet

M. Decampe

M. de Rességuier

M. d'Aguilar premier Censeur occupe le fauteuil.

Le procès verbal de la dernière séance est lu et adopté.

M. Pinaud donne lecture d'une lettre de M. Carney qui en faisant connaître le décès de Madame Carney sa mère, annonce qu'il ne pourra assister aux séances académiques relatives au concours. L'Académie charge son secrétaire perpétuel de témoigner toute sa sensibilité à M. Carney.

M. Serres-Colombars appelé par l'ordre du jour à faire la lecture qui doit être l'objet principal de la séance lit l'extrait d'un ouvrage sur la législation française pendant les 10e et 11e siècles.

Sur la proposition d'un membre il est unanimement délibéré qu'il sera fait une adresse au Roi pour exprimer à Sa Majesté la profonde douleur dont l'académie a été pénétrée en apprenant l'horrible attentat qui.a privé la France du prince sur lequel elle avait fondé ses plus chères espérances M. M. d'Aguilar, Pinaud, et Decampe sont chargés de la rédaction de cette adresse et autorisée à l'envoyer chez chacun de M. M. les Mainteneurs pour être revêtue de leur signature. M. Le Secrétaire perpétuel en fera l'envoi à sa Grandeur Monseigneur le Chancelier de France qui sera prié de la mettre aux pieds du trône.

Sur quoi M. M. les Commissaires déjà nommés s'étant réunis, M. Decampe l'un d'eux a lu, et la Commission a adopté sur le champ l'adresse dont la teneur suit :

Sire,

L'Académie des jeux floraux, dont vous êtes le protecteur, a ressenti profondément le coup affreux qui déchire votre âme. Inviolablement attachée par ses affections et par ses souvenirs aux princes de votre famille, elle se serait empressée de faire parvenir au pied du trône l'expression de ses regrets, si la crainte d'aigrir vos royales douleurs ne l'eût portée à différer les pénibles réflexions qu'a dû lui suggérer cet attentat horrible. Mais au plus long retard deviendrait criminel. Sire, au seconde retour de votre majesté la révolution s'était anéantie devant les armes de l'Europe et l'élan généreux de la nation française.

Elle s'est relevée pleine d'espérance et d'audace, du jour où il lui fut donnée d'entendre dire et de répéter qu'il y avait deux partis en France, et qu'elle était un de ces partis : détesttable et monstrueux parallèle entre la fidélité et la révolte, entre l'ordre et la destruction, entre la société toute entière et des malfaiteurs avoués qu'elle a le désir et le droit de repousser de son sein. Depuis ce jour, Sire, cette puissance si méprisée naguère est devenue de plus en plus hostile et offensive, ses craintes se sont changées en fureurs, nous l'avons vue, comme en des tons d'exécrable mémoire, montrer un front plus menaçant à chaque nouvel acte de la clémence royale, et se faire des trophées et des armes de tous ces gages d'indulgence et de pardon. Où s'arrêta-t-elle autrefois ? Où s'arrêterait-elle aujourd'hui ? Déjà les lectures l'importunent : il faut des assassins et des poignards pour contenter sa haine impatiente, et ses coups viennent de tomber à côté de votre Majesté…

Ah ! Sire, c'en est trop : nous vous en conjurons ; veillez sur votre personne sacrée, veillez sur votre famille et sur vous. Un mot de votre bouche royale a suffi plus d'une fois pour consterner ces implacables ennemis de tout ordre et de toute justice : Etendez enfin votre main puissante, qu'ils soient livrés à leur propre faiblesse, ils tomberont sans résistance et sans espoir devant les braves défenseurs du trône et les fidèles exécuteurs des lois.

Puisse le ciel, Sire, exaucer les vœux que nous formons en ces circonstances douloureuses , Et la mort du malheureux prince que nous pleurons être pour la France et pour l'Europe la dernière leçon des Rois et le dernier triomphe du génie Révolutionnaire.

Nous sommes, Sire, de votre Majesté les très dévoués, très fidèles et très obéissants serviteurs et sujets.