Transcription Transcription des fichiers de la notice - 104. Séance du 18 mai 1821 1821/05/18 chargé d'édition/chercheur Courant, Elsa (éditeur scientifique) Elsa Courant, CELFF ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1821/05/18 Fiche : Elsa Courant, CNRS – Sorbonne université ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
français

Séance du 18 Mai 1821

M.M. de Lamothe Langon

Pujol

de Malaret

Serres Colombars

Pinaud

Carney

Decampe

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D’Aguilar

Tajan

Le procès verbal de la séance précédente est lu et adopté.

M. Pujol subsidiairement appelé par l’ordre du travail donne lecture d’un discoursSur l’origine des progrès des lettres latines, sur leur renaissance au 14e siècle et leur état actuel .

Trois époques principales divisent le travail de M. Pujol. La première a précédé le règne d’Auguste, la 2e après le nom de ce prince, la 3e commence au successeur d’auguste et se termine au règne de Trajan.

Dans cette première époque l’auteur décrit l’enfance de la langue latine formée des différents dialectes apportés par des hommes venus de divers points de l’Italie pour fonder la ville de Rome, leur grossièreté leur amour pour la guerre, leur éloignement pour tout ce qui tenait aux Sciences et aux arts, les discordes civiles retinrent la langue latine dans une longue enfance qui se prolongea jusqu’au troisième siècle de l’ère romaine.

L’Agrandissement de la république et la conquête de la Grèce introduisirent à Rome le goût de lettres et des arts ; ce fut à cette époque que Lire Andronie grec d’origine fit jouer la première comédie d’autres auteurs presque tous étrangers se succédèrent. Enfin parut Ennius dont les ouvrages ont eu une influence marquée sur la littérature jusqu’au temps d’Auguste ici M. Pujol se livre à quelques réflexions sur le mérite de cet auteur que nous ne connaissons que par que par quelques fragments, il justifie Virgile de l’accusation de plagiat qui lui a été imputée par Laharpe.

Notre confrère s’occupant de la deuxième époque signale Plaute, Térence et Lucrèce comme les auteurs qui ont le plus contribué à épurer le goût et perfectionner la langue latine.

Cicéron qui a porté l’art oratoire au plus haut degré de perfection nous apprend lui-même, que cet art n’avait commencé à être cultivé à Rome que sous le consulat de Cathegus. Le siècle d’Auguste si fertile en poètes ou en orateurs du premier ordre est le moment le plus brillant de cette époque ; M. Pujol attribue le perfectionnement de la littérature à l’immense étendue de l’empire, à la protection accordée par Auguste aux hommes célèbres qui cultivaient la poésie et l’éloquence. Sous ses successeurs les lettres latines dégénèreront sensiblement. Ici commence la troisième époque. Sénèque contribua à cette décadence en substituant l’esprit au bon sens, un nombre rapide et brisé aux formes majestueuses de l’éloquence, et cependant Tacite, Juvenal, Pline, se montrèrent dignes du grand siècle sans laisser d’imitateur ; Car après la division de l’empire Claudien, Symmaque, Boëce, fournirent des preuves de la chute du goût et de la corruption de la langue. L’invasion des barbares, la chute de Rome anéantirent pour longtemps les lettres. Les ouvrages des classiques trouvèrent un asile dans les cloîtres, et ce ne fut qu’à l’époque où les grecs chassés de Constantinople vinrent en Italie, que l’on retrouva les chefs d’oeuvre de l’antiquité dans les monastères qui les avaient conservés. Les 15 et 16e siècles furent employés à corriger les textes, à les expliquer, à en rendre l’intelligence facile par d’utiles commentaires, et sous ce rapport, Voisins, Scaliger, Saumaixe , Casaubon presque oubliés aujourd’hui ont le mérite d’avoir préparé le 17e siècle où la langue latine reprit sont ancienne pureté. Elle a été jusqu’au moment de la Révolution, l’unique langue du monde savant la seule qu’on employas pour l’instruction générale de toutes les nations éclairées.

D’où vient qu’elle perd de jour en jour de sa prééminence, et qu’elle ne paraît plus devoir la conserver dans la République des Lettres ?

M. Pujol trouve la réponse à cette question dans la suppression des corps religieux des universités et de l’ancien clergé qui faisaient du latin une longue et sérieuse étude. Dans cette multitude de traductions qui paraissent chaque jour pour suppléer à la paresse de ceux que de trop longs travaux découragent, dans le goût des sciences physiques si généralement répandu depuis quelques temps, et dans les beaux ouvrages de notre littérature.

L’auteur termine ce discours par des réflexions très intéressantes sur l’utilité et l’étude approfondie de de la langue latine, et sur les grands avantages que doivent nécessairement avoir les hommes de lettres qui auront étudié les grecs et latins dans leur propre langue, sur ceux qui ne les auront connus que par des traductions toujours éloignées de la beauté et de la précision du texte.

M. de Lamothe Langon lit la fin du 4e chant de son poème qui a pour titre : Constantin ou le Triomphe de la Religion chrétienne.

Le même mainteneur propose à l’Académie de donner des lettres de Maître-ès-jeux floraux à M. le Vicomte de Chateaubriant.

Il est délibéré qu’une convocation spéciale aura lieu pour s’occuper de cette proposition.

La Séance est levée.

Malaret