Le dimanche 4 mai 1823.
L’Académie avait été informée le 29 avril par M. le Comte d’Hargenvillier, maire de la ville, que Son Altesse Royale Madame, Duchesse d’Angoulême, devait combler les vœux des fidèles Toulousains, en arrivant dans nos murs le 3 mai.
Il fut délibéré sur le champ que la séance publique du 3 mai serait ajournée ; qu’une députation composée de la moitié des membres de l’académie, se rendrait au palais Royal le jour de l’arrivée de Madame, pour lui offrir les hommages du corps des jeux floraux, et supplier son Altesse Royale d’honorer de son auguste présence, la séance publique, qui aurait lieu le 4 mars, dans le cas ou les vœux de l’académie seraient favorablement accueillis.
Conformément à l’usage, il fut procédé par la voie du scrutin à la nomination de l’orateur chargé de porter la parole au nom de l’académie ; la majorité des suffrages se réunit sur M. le marquis D’Aguilar modérateur.
Le 3 mai aussitôt que le bruit du canon, le son des cloches, et les acclamations de tous les habitants, eurent annoncé l’arrivée de Madame, la députation se réunit pour remplir la mission qui lui était confiée. M. le Maire voulut bien la faire prévenir qu’elle serait admise à une heure après midi. Elle se rendit aussitôt au palais Royal, et fut introduite dans le grand salon où se trouvait son Altesse Royale Madame, entourée des dames et des officiers de sa maison.
M. le Marquis D’Aguilar portant la parole au nom de l’Académie prononça le discours suivant.
Madame,
L’Académie des jeux floraux vient porter aux pieds de de Votre Altesse Royale l’homme de son profond respect et de son dévouement ; ce corps littéraire fondé par les Troubadours, dans les Siècles les plus reculés de la monarchie, restauré par la célèbre Isaure, fut exigé en Académie par Louis-le-Grand, les Rois vos aïeux s’en déclarèrent les protecteurs ; Louis-le-Désiré daigna honorer de sa présence une de nos Séances, lors de son voyage dans nos contrées ; nous osons solliciter de Votre Altesse Royale une semblable faveur ; c’est dans cet espoir que nous avons remis à demain la fête des fleurs, qui devait être célébrée aujourd’hui, suivant un usage observé depuis cinq siècles ; Ces fleurs sont consacrées par la religion, conservées par la pureté des doctrines ; une d’elles est un Lis, fleur si chère aux français ; si nous obtenons de Votre Altesse Royale la grâce que nos cœurs lui demandent, nous signalerons avec transport dans nos annales le jour fortuné où Votre Altesse Royale aura donné un nouvel éclat à une antique fête française instituée par cette ville fidèle.
Son Altesse Royale daigna répondre :
Le Roi mon oncle m’a souvent parlé du plaisir qu’il a eu d’assister à une séance de l’académie des jeux floraux ; je me félicite d’être arrivée dans une circonstance où je puis avoir le même avantage.
Les dispositions furent faites à l’instant pour la séance mémorable qui devait avoir lieu le lendemain. Les billets d’entrée furent distribués, et malgré leur nombre, une grande quantité de personnes ne put en obtenir. La salle des illustres avait des limites qu’on ne pouvait dépasser. L’empressement du public n’en connaissait aucune.
La journée du 4 mai, désormais si célèbre dans les fastes de l’académie des jeux floraux, luit enfin sur la ville de Toulouse.
Dès onze heures du matin, une foule considérable se rend au Capitole, et se presse autour des avenues. Les portes sont ouvertes. Dans un instant la salle est remplie. Les dames sont placées autour de l’académie derrière elles les hommes se tiennent debout. La garde nationale forme la haie depuis l’enceinte réservée jusque’à la salle.
Une députation de l’Académie se rend selon l’usage à l’Eglise de la Daurade, où reposent les cendres de Clémence Isaure, pour recevoir des mains de M. le curé, les fleurs qui, dès le matin, avaient été déposées sur l’autel. Avant de le remettre, M. Marseille, revêtu du surplus et de l’étole, adresse aux députés de l’Académie le discours suivant :
Messieurs,
La cérémonie qui tous les ans vous ramène dans l’église de la daurade, nous rappelle l’ancienne alliance de la religion et des lettres, et ces temps heureux où les fêtes académiques étaient aussi des fêtes religieuses. Mais alors la religion était liée à toutes les institutions de l’Etat, dont elle protégeait la stabilité et la dînée. Qui ne sait avec quelle violence ces noeuds sacrés furent rompus, et combien cette rupture a été funeste à la Religion qu’elle a livrée à la fureur de ses ennemis, et à l’Etat dont l’existence même a été compromise.
Les vrais politiques, les esprits sages qui se laissent point séduire par les prestiges de vaines théories, mais dont la raison toujours appuyée sur l’expérience, juge de la nature des causes par celle des effets, n’ont cessé de gémir de cet état de choses, et déformer les vœux les plus ardents pour le rétablissement de l’édifice sociale sur son antique base. Leurs vœux jusqu’ici n’ont été qu’imparfaitement exaucés. Mais la sagesse et la piété de notre Auguste Monarque, le Zèle courageux des hommes respectables qui, dans les deux chambres, plaident avec tant d’éloquence la cause de la religion et de la monarchie, mais surtout le Père des miséricordes dont les yeux sont toujours ouverts sur la France, achèveront cet important ouvrage qui n’est encore qu’ébauché, et les espérances que nous avons conçues ne seront point trompées.
Alors aussi les lettres françaises brillèrent de leur ancien éclat ; car je ne crains point de le dire devant vous, Messieurs, l’indifférence pour la Religion et l’oubli des vérités saintes, ont été parmi nous une des premières causses de la décadence des lettres. Je pourrais me borner en preuve de mon opinion, à vous rappeler ce qui se passe sous nos yeux, et observer seulement que depuis la fatale époque où la religion a cessé de faire partie essentielle de l’éducation de la jeunesse, il n’a paru aucune de ces productions littéraires qui permettent à leur auteur que son nom vivra dans la suite des âges : et si entre nos meilleurs écrivains, il y en a quelques uns qui puissent nous offrir des titres à ce genre d’immortalité, ils sont du petit nombre de ceux
Mais en examinant la chose en elle-même, est-il possible qu’un homme habitué à ne voir dans l’univers que la réunion fortuite des divers êtres qui le composent, et un enchaînement éternel de causes et d’effets, auquel préside un aveugle hasard, un homme qui emploie toute la force de son esprit à chercher la pensée dans les fibres et les organes de notre corps, un homme dont la fausse science a pour résultat d’obscurcir par des sophismes la vérité de nos premiers sentiments, et d’anéantir ainsi la liberté, avec tous les principes de bien et de mal, de vue et de vertu ; est-il dis-je possible que cet homme soit jamais l’ornement et la gloire des lettres ? Sera-ce donc parmi les atomes de la matière, ou les abstractions de la métaphysique qu’on verra se rallumer le flambeau du génie ? non sans doute ; mais celui qui instruit de bonne heure par la religion, a reconnu au dedans de lui-même un souffle de la divinité qu’il doit conserver pur, jusqu’à ce qu’il retourne à son principe, et, dans tous les événements qui se passent autour de lui, l’action d’une cause souveraine et toute puissante, qui change à son gré la scène du monde, tantôt favorisant les desseins et les travaux des faibles mortels, et tantôt opposant à tous leurs efforts une résistance invincible, celui-là familiarisé avec ces sublimes pensées, apprendra à parler ce noble langage, qui, soit qu’il s’entoure des liens enchanteurs de la poésie, soit qu’il s’abandonne avec plus de liberté, mais jamais sans règle et sans ordre aux mouvements de l’éloquence forme le caractère de la belle littérature.
Je suis loin cependant de penser que la religion donne des talents et du génie, mais je soutiens qu’elle favorise leur développement, et qu’elle en consacre utilement l’usage, surtout si l’on considère qu’elle forme les mœurs de l’homme de lettres ; or les mœurs d’un écrivain influent bien plus qu’on ne le pense sur la nature de ses ouvrages, heureux celui qui toujours pénétré d’amour et de respect pour la vertu, a constamment tracé dans ses écrits les sentiments imprimés dans son âme. Armé de la vérité et de la morale, il a borné son ambition à en perpétuer les principes salutaires. Ses ouvrages utiles aux hommes de son temps le seront encore aux générations futures. La postérité reconnaissante bénira ses talents. Elle lui décernera des éloges, et les louanges données à l’écrivain célèbre ne seront pas séparées de celles qu’on ne doit jamais refuser à l’homme de bien.
Ces vérités nous sont connues, Messieurs, vous les professez hautement dans vos séances académiques, où les jeunes auteurs qui entrent dans la lice de vos jeux, peuvent trouver aisément de leçons et des modèles.
Eh ! quelle plus flatteuse récompense, pouviez-vous espérer de votre fidélité à tous les bons principes, que de voir la plus solennelle de vos séances, honorée par la présence de cette auguste Prin cesse Fille de nos Rois, Epouse du héros du Midi, héroïne elle-même dont le courage a plus d’une fois dompté les flots de l’adversité et à qui il suffit se montrer dans nos contrées pour y renflammer tous les cœurs, d’amour pour le sang des Bourbons, et exciter le plus généreux dévouement à leur illustre dynastie. Permettez-moi, Messieurs, de vous offrir ici l’hommage de mes félicitations pour cette insigne faveur, et de partager en ce beau jour, les sentiments qu’elle doit inspirer à tous les membres de votre académie.
Parvenus au haut de la salle Madame se place sur un fauteuil de velours cramoisi, parsemé de fleurs de lis d’or, qui avait été déposé sur une estrade au dessous du buste de Louis XIV, son aïeul de glorieuse mémoire. Autour d’elle, et plus bas, se placent les Dames et officiers de sa maison, les officiers généraux et les Colonels, l’académie occupe à droite et à fauche les deux côtés du quarré, dont l’enceinte réservée à Son Altesse Royale, forme la partie supérieure.
Sont présents à la séance les mainteneurs dont les noms suivent :
Le Marquis D’Aguilar, modérateur.
Le Président D’Aiguesvives sous-modérateur.
Pinaud, secrétaire perpétuel.
le Baron de Malaret, Secrétaire des assemblées.
l’abbé St. Jean.
le Comte de Lavedan.
l’abbé Jamme.
le Baron Desazars.
Dralet.
le Baron de Gary.
le baron de Cambon.
le Président d’Aldéguier.
Serres de Colombars.
Carney.
Pujol.
Decampe.
Tajan.
le Comte d’Hargenvillier.
D’Aubuisson.
Ruffat.
le Vicomte de Panat.
Baron de Montbel.
le Baron de St. Chamans, préfet du département.
M. le Modérateur après avoir pris les ordres de Son Altesse Royale, déclare que la séance est ouverte.
M. le Baron de Cambon prononce l’éloge de Clémence Isaure.
Madame, messieurs,
La reconnaissance est une vertu céleste, qui forme sur la terre les liens les plus doux et les plus sacrés. Ce sentiment unit par des noeuds éternels, le malheureux à son bienfaiteur,
Gardée par ce sentiment généreux, l’académie des Jeux floraux s’est imposée la loi de répéter chaque année l’éloge de sa restauratrice ; et le nom de Clémence Isaure sans cesse proclamé dans cette enceinte, atteste à la fois et ses bienfaits, et les sentiments dont ils ont pénétré nos âmes.
Au commencement du quatorzième siècle, sept Troubadours Toulousains, convoquèrent solennellement les poètes de la Langue d’oc, et décernèrent une violette d’or à l’auteur du meilleur Sirvente. Cette institution n’était pas nouvelle ; nous elle prit alors une forme plus régulière, et la première fête des fleurs a déjà en cinq cent anniversaires.
Cependant soumis aux destins des choses humaines, le collège du gai savoir commençait à languir sous le poids d’une longue existence, quand une femme issue, disent les traditions, du sang des Comtes de Toulouse, comblée des dons de la nature et de la fortune, vint ranimer l’émulation des poètes, exciter un nouvel enthousiasme. À l’appel de sa voix, les muses négligées virent relever leurs autels. Sa présence accuse les concurrents, sa bonté les encourage, les couronnes que sa main distribue acquirent un nouveau prix, et bientôt sa prévoyance et ses largesses assurent dans les siècles futurs l’éclat des fêtes qu’elle fonde.
Louis-le-Grand vint enfant couronner cet ouvrage en exigeant les Jeux floraux en académie des belles-lettres.
Ainsi, Madame, les français ne peuvent former un élan de reconnaissance sans rencontrer le nom de leurs Princes. Chaque jour, chaque événement de la vie rappelle leurs regards sur cette famille auguste, à qui le ciel dans sa bonté confia le scrutin de la France. Ils s’enorgueillissent de sa gloire, la moindre de ses disgrâces est une calamité publique, et naguère la France éperdue, privée de son palladium, fut la proie des malheurs sans nombre, qui n’ont fini qu’avec le retour de Votre Royal Famille, et que la présence de Votre Altesse nous fait oublier. Eh ! comment exprimer nos transports en voyant au milieu de nous celle qui n’a parcouru la chaîne des grandeurs et des infortunes, que pour mieux présenter aux regards du monde, le modèle de toutes les vertus.
Mais ce courage à toute épreuve peut se reposer Madame ; bientôt sans alarmes, sans ennemis, près d’un Epoux victorieux et pacificateur, vous recevrez en paix l’encens d’un peuple, heureux pa vos [ ill. " />et par vos bienfaits, et l’Académie pour qui ce beau jour ouvre une ère toute nouvelle, célébrera tous les ans dans ses chants, le nom immortel de Marie Thérèse de France.
Des applaudissements maximes, et les cris de Vive le Roi ! vive Madame ! S’élèvent de toutes parts lorsque cette lecture est terminée.
Immédiatement après les Commissaires de l’académie vont chercher les fleurs déposées dans une salle voisine ; ils les placent devant M. le Modérateur qui se lève, et récite les vers suivants :
Quel éclat relève nos fleurs !
La fille des Bourbons vient augmenter encore
de nos solennités les antiques splendeurs.
De son auguste Epoux, lorsqu’aux champ d’Ibère
Brille le glaive entoure d’oliviers,
Elle embellit ces jeux où notre Occitanie
Décerne au Troubadour un paisible laurier.
Muses, entourez-la d’amour et d’harmonie,
Chantez l’ange consolateur
Du Monarque adoré, père de la patrie,
Qu’avec son nom sacré, le doux nom de Marie
Frappe cent fois les airs, répété par le cœur [ sic ].
Cette lecture est suivie des acclamations de toute l’assemblée qui partage l’enthousiasme du poète.
M. le président d’Ayguesvives lit ensuite l’ode intitulée Lapeyrouse, qui a obtenu une Amaranthe réservée ; elle est de M. St. Valry.
M. Pinaud donne lecture de l’Ode à la Gloire, qui a obtenu la même distinction, par M. Durand- Vrandoulmon .
Le poème de Judith, de M. Bignan a remporté le prix de l’année. Il est lu par M. Decampe.
M.M. Tajan, Baron de Montiel et Ruffat donnent successivement lecture de trois élégies, qui ont pour titre : Le dernier jour de l’année par Madame Amable Tastu. Les petits orphelins, par M. Belmontet. Le poète au Chalet, par Madame D’Ayzac. La première de ces élégies a obtenu un souci réservé. Il a été accordé aux deux autres des lis réservés.
Les fondés de pouvoir des auteurs se présentant au bureau, après la lecture de chaque ouvrage couronné, reçoivent la fleur des mains du modérateur, et viennent en faire hommage à Madame ; Son Altesse Royale daigne leur adresser des paroles pleines de bienveillance et de bonté.
Immédiatement après ces lectures, M. Pinaud, secrétaire perpétuel, prend la parole en ces termes :
Madame, Messieurs,
La distribution des prix est terminée ; le rapport sur le concours, travail de pure critique, lecture de règle dans la séance annuelle du 3 mai, a trouvé sa place dans celle du premier. Tout ce que nous nous permettrons de rappeler sur cet objet, c’est qu’aucun des nombreux ouvrages envoyés à l’académie n’a offert la moindre opposition avec les sentiments et les doctrines qu’elle s’est toujours honorées de professer. Religion, amour du Roi et de la patrie, gloire, honneur, fidélité, telles sont les sources où les athlètes comme les juges de nos jeux abreuvent leur enthousiasme et puisent leurs inspirations.
Toutefois, à ne considérer que sous le rapport de leurs sujets les compositions des précédents concours et celles que nous venons de
Heureuse la rose des champs
Qui, loin des vents jaloux, s’élève et se colore
Et meurt une nuit de printemps
Au bord des mêmes eaux qui la virent éclore !
Que n’aurait point dit aujourd’hui ce même poète, que n’auraient point fait nos Victor Hugo, nos Alexandre Soumet, nos Jules de Rességuier s’ils avaient pu prévoir que l’objet sacré de leurs chants, l’ange tutélaire de la France, l’image vivante des héros, des Saints, des martyrs qui ont illustré le plus beau sang de l’univers, vendrait elle-même donner tant d’éclat à notre printemps et à notre fête des fleurs ! Quels tableaux pour la poésie que les sublimes exemples de résignation, de courage et de grandeur d’âme dont son Altesse Royale a étonné le monde ! Tantôt épuisant et déconcertante les efforts conjurés du crime et de l’infortune, tantôt affermissant et consolant la vertu malheureuse dans les solitudes encore hospitalières de la Courlande ; plus près de nous, enflamment les fidèles légions Bordelaises d’une ardeur qui fit pâlir l’usurpation sur son trône d’un jour ; partout ou sans cesse offrant réunies à l’admiration des Rois et des Peuples la piété de Clotilde et de Saint Louis, l’héroïque constance de Marie-Thérèse et de Louis-le-Grand, la bienfaisance et la bonté sur-humaines du Monarque dont la Sainte mémoire remplit en ce moment tous nos cœurs. Oui, Madame, l’infernal génie des révolutions s’est vainement obstiné à méconnaître les droits et les royales grandeurs de votre auguste race. Les sentiments qu’inspire Votre Altesse Royale ont plus fait pour les consacrer et les affermir que trente ans de complots pour les ébranler.
À l’Epoque où notre malheureuse patrie, pleine d’admiration pour tant de vertus, soupirant encore après le moment d’en jouir, un sentiment qui était lui-même une vertu sublime fit sortir du cœur de Votre Altesse Royale ces paroles toutes divines Je sens que je ne serai jamais heureuse qu’en France . Qu’il nous soit promis de le penser, Madame, il se réalise enfin l’avenir dont la mystérieuse perspective se dévoilait dès lors à vos yeux. Puis, nos cœurs ont besoin de cette conviction, Votre Altesse Royale est heureuse des liens sacrés qui unissent plus que jamais la France à son Roi et à ses Princes légitimes ; Elle est heureuse de la vénération, de l’amour et du dévouement des peuples ; Elle l’est de la gloire de son magnanime Epoux ; elle l’est et le sera toujours des pacifiques triomphes qu’accumule déjà ce héros, dans la Péninsule que sa
Lorsque Sa Majesté daignera nous honorer de sa présence elle voulut bien recevoir les jetons académiques que notre Modérateur eut l’honneur de lui offrir. L’Académie ose, Madame, demander la même faveur à Votre Altesse Royale.
L’orateur est interrompu à diverses reprises par des applaudissements unanimes. Madame est vivement émue. Des larmes s’échappent de ses yeux. Cette émotion se communique comme une étincelle électrique à toute l’assemblée, qui fait éclater son amour pour la Princesse, et ses transports par les acclamations si chères au cœur des français, de vive le Roi ! vive Monseigneur le Duc D’Angoulême ! vive Madame !
Le modérateur supplie Son Altesse Royale de recevoir le recueil de cette année et une bourse de Jetons. Elle daigne accepter avec une bonté touchante ce nouvel hommage de l’Académie.
M. Decampe demande la parole pour lire les vers suivants, que cette heureuse circonstance lui a inspirés.
Pour tous les enfants de la lyre
Il sera le plus beau des jours,
Ce jour qui vous a vu sourire
Aux luttes de nos Troubadours.
Le modeste Sénat d’Isaure,
Mille fois plus heureux encore
D’entourer la fille des Rois,
Au moment de fermer la lice,
Près de sa docte bienfaitrice
Vous placerait tout d’une voix :
Mais ce peuple qui l’environne
Vous proclame au rang des vainqueurs ;
Ils n’ont gagné que la couronne,
Vous avez conquis tous les cœurs.
Après cette lecture qui a été suivie des témoignages réitérés de la satisfaction générale, M. le Modérateur déclare que la séance est terminée.
Son Altesse Royale Madame se lève, traverse les salles du Capitole au milieu des cris répétés cent fois par chacun des assistants, de Vive le Roi ! vive Madame ! vive Monseigneur le Duc D’Angoulême ! vive Monseigneur le duc de Bordeaux ! vivent les Bourbons. Elle daigne témoigner sa satisfaction à l’académie dans les tomes suivants : « Je savais déjà combien étaient bons les sentiments des Toulousains ; mais ils me pénètrent plus que je ne puis l’exprimer. Les paroles que vous m’avez adressées, Messieurs, partaient si visiblement du cœur, que j’en suis tout émue. »
Ces mots fidèlement recueillis par les Mainteneurs qui se trouvaient le plus rapprochés de Son Altesse Royale, resteront gravés dans tous les cœurs.
Cependant Madame suivie par l’Académie en corps
Malaret