Séance du vendredi 21 Mai 1824
M.M. l’abbé Jamme sous-modérateur
d’Aguilar
Ruffat
Pinaud
de Malaret
Carney
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. D’Aguilar qui n’avait pu payer son tribut dans la dernière séance lit des réflexions sur plusieurs livraisons de la collection des théâtres étrangers.
Le théâtre russe a offert à M. D’Aguilar des pièces dans le genre classique qui lui paraissent préférables au romantisme allemand.
Il examine ensuite la tragédie allemande de —— Martin Luthe par Werner ; cette pièce présente, à travers quelques lueurs de génie, des conceptions d’une extravagance outrée et des discours entièrement inintelligibles. Une tragédie du même auteur en un acte intitulé le 24 février est un tissu d’horreur dégoutantes. Une autre tragédie intitulée l’expiration par Malluer , assez bien conduite et pourtant trop féconde en horreurs : c’est un fond classique brodé de tout ce que le romantisme a de plus fort;
L’auteur fait ensuite connaître la tragédie de Tancrede et Sigismonde, par Thomson, écrite dans un temps où le genre classique avait pris quelque faveur en Angleterre. L’orpheline d’Otway a de l’intérêt dans un genre bizarre et indécent. La méprise d’une nuit comédie de Goldsmith a de la gaieté et du mouvement, quoique bien au dessous de nos honnêtes comédies.
De là M. D’Aguilar passe au théâtre Italien : il examine quatre comédies composées depuis Goldoni, pièces froides ou tombant dans la caricature, une autre livraison offre trois pièces du théâtre anglais. Le [ ill.] de Wischerley est une imitation chargée du misanthrope, l’officier de recrutement de Fargaho a du mérite. Le marchant de Londres de Ben Johnson est une farce sans sol.
Le théâtre polonais est le fruit d’une littérature inconnue jusqu’ic ; cette nation n’avait pas même eu de théâtre public avant le roi Stanislas Poniatowski. Barbara Rotzwill est un sujet tragique, traité suivant les règles des maîtres ; mais la pièce est mal conduite. Linski est une véritable tragédie qu’on pourrait transporter avec succès sur notre scène. Wanda autre tragédie est mal conduite. Une comédie intitulée la fête du jour de l’an est une plate rapsodie. Les coups du sort comédie en cinq actes est pleine de naturel, de vérité et de grâce. Le congé des ambassadeurs grecs composée en 1554 est une pièce extraordinaire, supérieure à ce qu’on faisait en France à cette époque.
La continuation de cette lecture est remise à Vendredi prochain.
La séance est levée.
Carney