Transcription Transcription des fichiers de la notice - 172. Séance du 30 avril 1790 1790/04/30 chargé d'édition/chercheur Courant, Elsa (éditeur scientifique) Elsa Courant, CELFF ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1790/04/30 Fiche : Elsa Courant, CNRS – Sorbonne université ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

Du vendredi 30 avril 1790

M. Poitevin

M. Gez

M. Floret

M. Castilhon

M. l’Abbé Magi

M. l’Abbé St-Jean

M. Jamme

M. Gez a lu l’éloge de Clémence qu’il doit prononcer le 3° de mai prochain, jour de la distribution.

Les commissaires nommés par la délibération du lundi 26° du courant ont présenté à l’Académie leur procès-verbal. Elle a approuvé leur conduite, les a remerciés de leur zèle et a délibéré que ledit procès-verbal sera transcrit dans le registre.

Suit le procès-verbal du jeudi 29°:

«M. Martel Sous-Modérateur, M. Castilhon Secrétaire Perpétuel, M. l’Abbé Magi Dispensateur, M.Jamme et M. Poitevin, assemblés en commission, en exécution de la délibération prise par l’Académie lundi 26, M. Jamme a dit qu’il faut prévoir le cas où les officiers municipaux refuseraient de faire parer la Salle des Illustres pour les deux assemblées publiques du premier et du trois de mai, de donner la mainforte nécessaire pour entretenir l’ordre dans la salle et de fournir la symphonie et les fanfares de la ville pour accompagner les commissaires de l’Académie à l’église de la Daurade; que leur devoir à cet égard étant le même que celui de payer la somme de 1.400 livres et porté par les mêmes lois, l’Académie peut prendre aussi les voies de droit pour les contraindre à le remplir en exécution de l’Edit de 1773; que cependant, avant d’en venir là, il serait d’avis, en suivant l’esprit de paix et d’honnêteté qui dirige les démarches de l’Académie, de leur envoyer deux commissaire pour savoir d’eux quelle est leur intention à cet égard.»

«Les autres commissaires ayant été du même avis, M. Castilhon et M. Poitevin ont été prié d’aller leur faire cette demande. À leur retour, M. Poitevin a dit: Nous avons été reçus dans le Petit Consistoire et nous y avons pris la même place que lundi dernier. Après avoir expliqué l’objet de notre commission, M. Gary, l’un des officiers municipaux, prenant la parole, nous a dit qu’avant de nous répondre il fallait qu’ils sussent ce que l’Académie avait délibéré touchant les changements à faire au cérémonial.»

«J'ai rappelé à M. Gary que le dernier jour j’avais fait observer au Bureau que ce n’était pas en cette forme que les vœux de la Municipalité doivent être portés à l’Académie; que leur demande n’étant pas formée, il n’y avait pas à leur répondre.»

«M. Gary a insisté en disant que sur le compte que nous avions rendu l’Académie avait certainement pris une délibération et que c’était de cette délibération qu’il nous priait d’instruire le Bureau.»

«J'ai répondu que nous avions instruit l’Académie du refus qui nous avait été fait du paiement des 1.400 livres qui nous sont dues, que nous lui avions donné connaissance de leurs motifs et que ladite délibération que l’Académie avait pu prendre là-dessus était étrangère à notre commission actuelle.»

«M. Gary s’est récrié le mot refus, disant que la Municipalité n’a pas refusé de payer, qu’elle a voulu seulement savoir, avant de rien répondre, si l’Académie consentait à changer le cérémonial qui avait lieu avec les Capitouls».

«J'ai dit que vouloir faire dépendre d’une condition un paiement qui est dû sans condition, c’était le refuser et que l’Académie avait vu dans leur manière de répondre un refus absolu.»

«C'est donc à dire, a répliqué M. Gary, que l’Académie ne veut pas se prêter à l’arrangement qui lui a été proposé. Cependant, a-t-il ajouté, nous ne demandons pas la présidence, mais seulement l’égalité. Sur quoi il a cité l’exemple de l’Académie des Sciences.»

«M. Castilhon lui a répondu que l’Académie des Sciences venait, pour ainsi dire, de naître; que les Capitouls avaient contribué à son établissement et à sa dotation; que l’Académie des Jeux Floraux était au contraire le corps littéraire le plus ancien de l’Europe, ne tenant rien de la Municipalité, que sa prééminence sur les autres académies n’avait jamais été contestée et qu’ainsi ce n’était pas par de tels exemples qu’elle devait se régler.»

«J'ai ajouté que les officiers municipaux lorsqu’ils sont invités aux séances publiques de l’Académie des Sciences y vont en corps municipal, ayant à leur tête M. le Maire; qu’ils ne viennent au contraire à l’Académie des Jeux Floraux que comme Bailles des Jeux, faisant partie du corps des Jeux Floraux, assistant au jugement des ouvrages comme les Maîtres, chargés par les anciennes institutions de faire les honneurs de la fête; que le chef du corps municipal a sa place parmi les Mainteneurs, qu’il est à l’Académie, comme chacun de nous, l’un des quarante, pouvant présider l’Académie si le sort lui donne la place de Modérateur, pouvant être nommé commissaire de l’Académie pour, à l’église de la Daurade le trois de mai, prendre les fleurs d’or et d’argent qui sont exposées sur l’autel jusqu’au moment de la distribution; qu’eux-mêmes trouveraient sans doute étrange que dans cette marche solennelle les officiers municipaux Bailles des Jeux eussent le pas sur le Maire académiciens; qu’au demeurant il n’était question dans le moment que de savoir si leur intention était de faire parer la Salle des Illustres pour les deux séances publiques du premier et du trois de mai, de nous donner une garde suffisante pour maintenir le bon ordre dans la salle et de nous fournir la symphonie et les fanfares d’usage. Je leur ai représenté que le temps était court puisque la première séance devait être tenue après-demain. Je les ai priés en conséquence de vouloir bien délibérer tout de suite sur notre demande afin que s’ils refusent de faire les préparatifs et les honneurs de la fête, l’Académie puisse y pourvoir elle-même ou prendre tels autres moyens qu’elle jugera convenables. J'ai insisté à les prier de délibérer tout de suite sur notre demande, en leur disant que nous allions rentrer dans la salle de nos séances ordinaires et que l’assemblée qui y était formée ne se séparerait pas avant d’avoir reçu leur réponse et il nous a été dit qu’ils allaient y délibérer et qu’il nous ferait part de leurs délibérations.»

«En conséquence de ce rapport et dans l’attente de la réponse des officiers municipaux, la commission de l’Académie a continué sa séance jusqu’à neuf heures et ne la levée qu’après avoir été informée par son Bedeau que les officiers municipaux s’étaient retirés. Un instant après est arrivé le sieur Michel Dieulafoy, secrétaire greffier de la Municipalité, envoyé par les officiers municipaux pour dire à l’Académie qu’ils tiendraient un bureau samedi à quatre heures de l’après-midi et qu’on y délibérerait sur l’éclaircissement demandé par l’Académie, c’est-à-dire que s’agissant de savoir s’ils feraient préparer la salle pour la séance publique de samedi matin, il renvoie leur réponse à l’issue d’un bureau qui sera tenu samedi au soir.»

«Cette réponse dérisoire, pire qu’un refus, a porté les commissaires à délibérer de présenter une requête au Parlement en exécution des Lettres Patentes de 1694 et de l’Edit de 1773. Le Parlement a rendu une ordonnance conforme qui doit être signifiée dans la journée.»

L'Académie continuant sa délibération a prié M. le Dispensateur et M. le Secrétaire de donner les ordres nécessaires pour que la Salle des Illustres soit parée suivant l’usage pour la séance publique de demain matin – [Signature] Floret, Censeur