Assemblée générale
M. Poitevin
M. Carré
M. Pinaud
M. l’abbé de Rozières
M. l’abbé St-Jean
M. d’Ayguesvives
M. Dralet
M. de Malaret
M. Jouvent
M. d’Aguilar
M. Jamme
M. Desmousseaux
M. l’abbé Jamme
1°) M. Jouvent Sous-Modérateur a dit que M. le Secrétaire perpétuel allait faire un rapport sur l’objet pour lequel l’assemblée générale des Mainteneurs et des Maîtres a été convoquée et dont il est fait mention dans les billets de convocation. Après quoi M. Poitevin a fait le rapport suivant :
« Le titre premier de nos Statuts porte, article cinq, que l’Académie pourra, lorsqu’elle le jugera à propos et par des raisons supérieures, accorder des Lettres de Maître à certains littérateurs célèbres et à des auteurs étrangers, même à des femmes. Cette disposition n’a fait que consacrer un ancien usage qui prouve que nos devanciers après avoir fait naître
En 1554 le Collège des Jeux Floraux au lieu de réserver l’Églantine qui n’a pas été remportée, l’adjugea à M. M° Pierre de Ronsard pour l’excellence et vertu de sa personne et ordonna en même temps qu’elle serait augmentée de valeur. Elle fut ensuite convertie en une Minerve d’argent ; « et s’étant estimé ledit Ronsard beaucoup honoré de ce présent, dit le Registre (fol. 19), il fit connaître combien il lui avait été agréable que des actions de grâce qu’il en rend et beaucoup d’autres témoignages qui se trouvent parmi ses œuvres ».
En 1586 « certains Mainteneurs représentèrent que M° Jehan Antoine Baïf tenant le premier rang entre les poètes, il serait convenable de lui faire le même honneur. Il fut délibéré de lui faire présent d’un Apollon d’argent et que pour effectuer cette délibération les trois Capitouls Bayles de la présente année se chargeraient de faire faire l’image et l’envoyer audit Baïf avec l’extrait de la présente délibération. Baïf, ayant fait par ordre du Roi une traduction des Psaumes, il fut arrêté par la Compagnie qu’au lieu d’un Apollon d’argent il serait fait un David d’argent lequel serait envoyé audit Baïf.
En 1638 le Chancelier représenta au Collège qu’il était dans l’usage de reconnaître le mérite des grands poètes en leur faisant part des libéralités de Clémence sa fondatrice. Il fut délibéré de donner un prix au Sr de Maynard aux frais du revenu de la fondation, lequel avec la présente lui sera envoyé ; et trois ans après, en 1639, Maynard fut reçu Maître parce qu’il méritait, dit le Registre, qu’on lui ouvrit tout à la fois le les trésors de Clémence.
La même année, Nicolas de Grilhe, évêque d’Uzès, qui avait autrefois remporté un prix aux Jeux Floraux, désira d’être reçu Maître. Il pria le Collège de lui donner les deux fleurs qui lui manquaient. Cette grâce lui fut accordée et pour ne pas priver les auteurs des prix qu’ils avaient emportés, ont chargea les Capitouls de faire faire deux autres fleurs aux dépens des revenus de la fondation des Jeux.
M. Laganne page 74 de son discours rapporte une pareille délibération prise en 1651 et exécutée par les Capitouls. Le registre d’où il l’a tirée nous manque. Il doit être au greffe du Capitole couvert de velours vert comme le précédent qui est en notre pouvoir. Il doit commencer en 1642 et finir en 1694. Quoique nous ne soyons pas à même de vérifier ce fait, nous devons le tenir pour certain sur la foi du plus grand ennemi de Clémence Isaure et de son Institution.
Cent ans après (le 4 juin 1747), l’Académie délibéra de donner des lettres de Maître à M. de Voltaire quoiqu’il n’eût pas remporté de prix.
C'était les seuls que l’Académie eut donnés de son pur mouvement depuis son érection, lorsqu’en 1806, après notre réunion, M. Jamme eut l’heureuse pensée de nous faire acquérir M. de Fontanes, M. Portalis et M. le Cardinal Maury.
Jusqu’alors de pareilles lettres n’avaient
Je sais, Messieurs, que la rareté de ces marques de distinction doit en rehausser le prix et que, les prodiguant, il en serait bientôt de nos Maîtres honoraires comme des correspondants dont plusieurs académies accordent les places très libéralement. Mais il faut éviter l’excès en toutes choses et si, dans le dernier siècle, de pareilles lettres n’ont été données qu’à Voltaire, il faut l’attribuer à la négligence de nos prédécesseurs qui, ce me semble, auraient pu arrêter l’attention de l’Académie sur plusieurs écrivains, poètes ou prosateurs dont la célébrité n’était ni usurpée, ni équivoque.
Quand l’abbé Girard eut publié ses Synonymes, tous les vœux l’appelèrent ou le portèrent à l’Académie Française où les travaux d’un grammairien philosophe ne pouvaient qu’être très utiles. Il y avait encore à creuser dans la métaphysique des langues pour en trouver les premiers éléments et les appliquer à la langue française. Cet ouvrage difficile était réservé à notre siècle et à un de nos compatriotes. Nous le devons à M. l’abbé Sicard qui joint au titre de savant et profond grammairien, tous ceux que la reconnaissance publique doit aux grands bienfaiteurs de l’humanité. M. l’abbé Sicard, né au Fousseret très près de Toulouse, est venu visiter sa patrie et il ne nous quittera point sans nous gratifier d’un de ces exercices où l’excellence de sa méthode dans l’instruction des sourds-muets excite toujours l’admiration.
Je me souviens que passant également à Toulouse, il y a plus de vingt ans, à une époque où sous le nom de Musée nous avions formé une réunion nombreuse de littérateurs, de savants et d’artistes, pour être comme la pépinière ou le séminaire des académies, Mr l’abbé Sicard, avec un intérêt vraiment patriotique, prendre part aux exercices de cette société naissante. Il y développa avec une clarté merveilleuse la méthode par laquelle, nouveau Prométhée, il amène les machines qu’il a déjà animées à l’intelligence des idées abstraites.
M. l’abbé Sicard serait certainement flatté de nous appartenir, au même titre que M. de Fontanes et M. le Cardinal Maury, ses confrères à l’Institut ; son nom décorerait la liste de nos Maîtres et nous consolerait de n’y plus voir celui de M. Portalis.
Les Maîtres des Jeux Floraux ne sauraient être assez multipliés dit l’article 3 du titre premier de nos Statuts ; et malheureusement, abstraction faite des Maîtres qui sont devenus Mainteneurs, il ne nous en reste que trois de ceux qui sont parvenus à cet honneur pour leur succès dans les concours académiques : Mme d’Esparbès, M. Treneuil et M. Pilhes ; tandis qu’en 1694 il y en avait vingt qui furent confirmés dans l’érection des Jeux Floraux en Académie.
Cette pénurie est une suite du malheur des
Dans le rapport que j’ai eu l’honneur de vous faire, Messieurs, de la correspondance que j’entretiens avec l’Académie de Nîmes, ayant eu à parler d’un ouvrage de Madame Verdier intitulé des
L'Académie avait alors l’espérance qu’un si beau talent aspirerait à la troisième couronne qui aurait placé Madame Verdier parmi les Maîtres des Jeux Floraux, surtout lorsqu’on sut après le Concours de 1771 qu’une ode qui y avait été distinguée, la seule qui soit imprimée dans le Recueil de cette année, était de Madame Verdier. J'ignore si, après cet essai qui n’était pas décourageant, elle craignit de forcer son talent en l’appliquant au genre lyrique, ou si les malheurs qu’elle éprouva la détournèrent des sentiers du Parnasse. Ce fut avec tout l’intérêt d’un ancien et agréable souvenir que je trouvai son nom sur la liste de l’Académie de Nîmes. J'ai pensé que ce nom pourrait orner aussi la liste des Maîtres de nos Jeux et, qu’ayant le droit d’y inscrire des femmes, nous n’en trouverons aucune qui ait plus de droits à cette faveur que Madame Verdier. Sur trois prix qu’il lui faudrait pour être en droit de former cette demande, il ne lui en manque qu’un, qu’elle fut bien près de remporter en 1771. Les Jeux Floraux firent une faveur plus grande à Nicolas de Grilhe qui était évêque de la même ville qu’habite Madame Verdier. Uzès verra un second exemple de notre attention à récompenser les talents exercés et ce rapprochement n’est pas sans intérêt en songeant surtout qu’Uzès est la patrie de M. Rafin, un de nos Mainteneurs les plus distingués dont l’éloge a retenti d’une manière si touchante dans notre dernière séance publique. Elle est encore la patrie de M.M.
Je propose à l’Académie de donner des lettres de Maître es Jeux Floraux à M. l’abbé Sicard et à Madame Verdier.
La première proposition ayant été mise aux voix, l’Académie a délibéré de donner des lettres de Maître à M. l’abbé Sicard.
La seconde proposition a été également accueillie et il a été délibéré en outre que, dans les Lettres de Maître qui seront expédiées à Madame Verdier, il sera fait mention des deux Violettes qu’elle a remportées en 1769 et 1770 et de la distinction qu’obtint dans le Concours de 1771 son ode intitulée
2°) Sur ce qui a été annoncé qu’on avait reçu la nouvelle de la mort de Mme Hocquart, M. de Malaret et M. Dralet ont été priés d’aller, au nom de l’Académie, témoigner à M. Hocquart toute la part qu’elle prend à son malheur.
3°) M. le Secrétaire perpétuel a dit qu’il fallait, en exécution de la délibération du dernier jour relativement à l’impression du Recueil, passer avec M. Dalles des conventions où ses obligations fussent bien déterminées. Il a ajouté que d’après les Statuts ces conventions doivent être signées par les Censeurs au nom de l’Académie ; que M. de Villeneuve, l’un des Censeurs, étant absent, il faudrait nommer un commissaire pour le remplacer à cet égard.
M. de Malaret, Dispensateur de l’Académie, a été prié de vouloir bien s’adjoindre à M. l’abbé St-Jean censeurs pour arrêter et signer les conventions qui doivent être faites avec M. Dalles concernant les impressions du Recueil et les autres impressions d’usage ou qui seront ordonnées par l’Académie.