Transcription Transcription des fichiers de la notice - 105. Séance du 31 août 1810 1810/08/31 chargé d'édition/chercheur Courant, Elsa (éditeur scientifique) Elsa Courant, CELFF ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1810/08/31 Fiche : Elsa Courant, CNRS – Sorbonne université ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Nomination du Modérateur et du Sous-Modérateur Français Nomination du Modérateur et du Sous-Modérateur

Du 31 août 1810.

M. Poitevin.

M. l’abbé de Rozières.

M. de Malaret.

M. Pinaud.

On a tiré au sort la place de Modérateur et de Sous-Modérateur pour le trimestre du mois d’octobre. M. Carré est Mainteneur ; M. le Maire Sous-Modérateur.

L'Académie prend ses vacances jusqu’au premier vendredi de janvier conformément aux Statuts.–. [Signature] Poitevin l’ancien des Mainteneurs.

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Renvoi de la page 101 :

Rapport sur la rentrée de l’académie le vendredi 5 janvier 1810 par M. Poitevin Secrétaire perpétuel.

« Messieurs, »

« Le Capitole est pour nous un lieu d’exil. Notre patrie est ce jardin délicieux où nos pères placèrent le berceau de notre institution et ce palais de la Gaie Science détruit pour la sûreté de la ville et qui devait nous être restitué lorsque Toulouse, n’ayant plus à craindre les Anglais, rétablirait ses faubourgs. L'asile accordé aux troubadours en 1356, tout honorable qu’il était, n’apaisa jamais leurs regrets. Le désir de se retrouver dans ce beau jardin où naquit la Joie de la Violette, se conservait dans la descendance de ces troubadours vénérables, malgré la fondation de Clémence qui leur donnait de nouveaux droits sur cette maison commune. Lorsque deux cents ans après, Louis XIV consolida leur existence politique, nous fîmes insérer dans les Lettres Patentes de notre nouvelle érection que notre établissement au Capitole ne serait pas immuable, et cette réservation fut renouvelée dans l’Edit de 1773, en même temps qu’on y consignait qu’ici nous ne dépendions d’aucune volonté particulière et que nous y conserverions notre habitation provisoire autant qu’il nous plairait. Nous sommes donc chez nous quoique dans une maison d’emprunt et cet état d’emprunt est pour nous d’un prix inestimable en ce qu’il est une réclamation continuelle de notre antique propriété.

Après cette déclaration de nos droits qui doit signaler notre rentrée dans cette salle, notre premier mouvement est un sentiment de reconnaissance envers Son Excellence le Ministre de l’Intérieur à qui nous devons la pleine exécution de l’arrêté de M. Desmousseaux, notre Préfet.

Vous apprendrez avec plaisir, Messieurs, que Sa Majesté l’Empereur a gratifié M. le Préfet du titre de Baron de l’Empire et d’un majorat pour le bienfait s’étendant sur sa postérité attestera aux générations à venir et les services de notre confrère et l’attention du Souverain à récompenser ceux qui se dévouent au service de la Patrie.

La commission au nom de laquelle j’ai l’honneur de parler, s’est souvenu que notre premier vœu, lorsque que nous reprîmes nos travaux en 1806, fut de signaler notre entrée dans le lieu de nos séances particulières par l’inauguration de l’image de l’auguste Souverain à qui nous devons notre rétablissement.

Quoique la commission fut bien persuadée que vous applaudiriez à son zèle, elle se renforça de tous les Mainteneurs qui étaient à Toulouse et c’est avec leur concours qu’elle arrêta de faire les apprêts nécessaires pour que cette auguste et touchante cérémonie ne fut pas différée d’un seul jour. Vous voyez, Messieurs, le buste de Sa Majesté déjà placée dans le lieu le plus éminent de cette salle.

Le corps antique des Jeux Floraux qui peut avec quelque apparence de faire remonter son origine aux institutions de Charlemagne, devaient plus que tout autre, ambitionner l’honneur de voir, pour ainsi dire, au milieu de ses séances, celui qui avant de monter sur le trône était déjà comparé à Charlemagne et qui depuis a porté l’empire français à un degré de gloire et de puissance infiniment plus élevé.

La statue de Clémence Isaure a dû arriver ici en même temps. Cette translation est un exercice de nos droits. Vous le savez, Messieurs, cette statue ne fut jamais attachée à la glèbe sur laquelle ce vaste édifice a été construit par les libéralités et la munificence de la femme illustre qu’elle représente.

Clémence Isaure étant inséparable de ses enfants, sa statue nous suivra sur notre terre natale lorsqu’il nous sera donné de la reconquérir. Nous l’emporterons avec nous, comme les Troyens emportèrent leurs dieux pénates par la belle Ausonie que leurs ancêtres avaient illustrée.

M. le Maire a mis de l’empressement et de la grâce dans l’exécution de l’arrêté de M. le Préfet. C'est à lui que nous devons la colonne sur laquelle repose la statue de Clémence Isaure. Nous ne pouvons que nous louer aussi de M. Virebent, architecte voyer de la commune, pour les soins qu’il s’est donné et le zèle qu’il a montré dans tous les objets relatifs à l’ameublement et aux décorations de cette salle.

J'ai présenté une pétition au Conseil municipal pour demander que notre dotation fut portée à trois mille francs. On est bien fort quand on ne demande que son bien et j’ai représenté que cette somme ne coûterait rien à la ville quand même, de tous les biens compris dans la donation de Clémence, il ne resterait que la Place de la Pierre. Il est également incontestable que trois mille francs ne représentent pas tout à fait notre dotation antérieure fixée en 1694.

Le Conseil municipal n’a voté que 2.400 livres, mais il faut espérer que M. le Préfet à qui j’ai fourni tous les éclaircissements nécessaires pour appuyer notre demande, sera d’avis qu’elle nous soit accordée tout entière.

Dans le détail de nos dépenses j’ai compris ce qu’il va nous en coûter pour faire transcrire et imprimer notre Poétique ; pour faire copier nos anciens registres qui sont indéchiffrables pour tous ceux qui n’ont pas fait étude particulière des vieilles écritures. J'ajoute que, lorsque cette dépense accidentelle aura cessé au bout de quelques années, il sera indispensable d’augmenter la valeur de nos Prix qui est de plus de moitié inférieure à celle que fixa Louis XIV. Non seulement parce qu’on avait alors pour 26 francs en marc d’argent qui coûte aujourd’hui plus de cinquante francs, mais encore parce que les prix de fabrication compris dans cette valeur sont aujourd’hui quatre fois plus chers qu’en 1694.

Je ne parle point des jetons. Si ce moyen d’émulation est nécessaire pour l’assiduité et pour le zèle du travail académique, nous y pourvoirons, sans toucher à la fondation de Clémence Isaure représentée par la somme annuelle qui nous est remise par le receveur des revenus de la ville.

En passant de ces détails à un ordre de choses plus élevé, vous apprendrez, Messieurs, avec intérêt et satisfaction que M. d’Aguilar s’est occupé assidûment de la traduction de notre Poétique. Il vous rendra compte lui-même de son travail et de l’impression qu’a faite sur lui le mérite de cet ouvrage précieux.

De son côté M. d’Escouloubre a déjà traduit toute la partie historique de notre ancien registre. Il a mieux fait encore, mais je ne dois pas anticiper sur le rapport qu’il doit vous faire lui-même de ses travaux et d’une découverte dont vous apprécierez les grands avantages.

Je n’hésite pas à mettre au nombre de nos conquêtes le recouvrement d’un de nos anciens recueils, du manuscrit où se trouve l’ouvrage d’Arnaud Vidal qui remporta le Prix de la Violette en 1324. Depuis trois ans je le réclamais inutilement et les héritiers de M. Magi, à qui je le demandais, semblaient vouloir éluder mes instances.

M. Hocquart qui était sur les lieux, vint à mon secours. La sévérité de ses observations détermina cette restitution trop retardée, mais enfin le manuscrit est en notre pouvoir. Il est entre les mains de M. d’Escouloubre qui a bien voulu se charger d’examiner à quelle date appartiennent les pièces de poésie qui précèdent celle d’Arnaud Vidal. Il pourra s’y trouver des matériaux précieux pour la première époque de notre histoire. Son travail et celui de M. d’Aguilar m’encourageront dans la rédaction que j’ai entreprise d’un mémoire historique qui servira un jour de canevas à celui de mes successeurs qui avec plus de talent aura moins d’âge que moi et un zèle égal à celui qui m’anime pour la gloire et les intérêts de l’Académie.

Il nous est arrivé bien rarement, Messieurs, de nous réunir après les vacances sans avoir quelques pertes à déplorer. La mort qui nous enleva, il n’y a pas encore deux ans, M. Verny qui était l’aîné des enfants d’Isaure a frappé encore notre Doyen. Nous avons perdu M. de Cambon au commencement du trimestre d’octobre. Celui qui sera chargé de faire son éloge aura à célébrer de grands talents, de grandes qualités, une grande justesse d’idées et une sagesse de jugement souvent manifestée d’une manière éminente et parmi nous et dans les grandes charges de magistrature qu’il a toutes successivement remplies dans le Parlement de Toulouse. Avant de payer à sa mémoire ce juste tribut d’éloges, nous devons, suivant la pieuse coutume de nos ancêtres, faire célébrer une messe pour le repos de son âme. Comme il n’est aucun de nous qui n’ait à cœur d’y assister, je prie l’Académie d’assigner un jour qui soit commode pour ceux d’entre nous qui ont des fonctions publiques.

Nota : La délibération prise sur ce rapport est à la page 101 de ce registre.

Ici finit tout ce qui regarde l’année 1810.–. [Signature] Poitevin Secrétaire perpétuel.