Transcription Transcription des fichiers de la notice - 69. Séance du 20 mai 1814 1814/05/20 chargé d'édition/chercheur Courant, Elsa (éditeur scientifique) Elsa Courant, CELFF ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1814/05/20 Fiche : Elsa Courant, CNRS – Sorbonne université ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

Séance ordinaire du 20 mai 1814

M. l’Abbé St-Jean [Signature] St-Jean

M. l’Abbé de Rozières [Signature] Rozières

M. d’Ayguesvives

M. Pinaud

M. Jouvent

M. l’Abbé Jamme [Signature] Jamme

M. Jamme [Signature] Jamme

M. Hocquart

Messieurs les commissaires nommés pour aller haranguer S. A. R. Monseigneur le Duc d’Angoulême ont fait le rapport suivant :

« Le 27 avril, vers deux heures après-midi, la députation de l’Académie des Jeux Floraux se rendit dans les salles du Palais. Après que la Cour de Justice eut présenté ses hommages à S. A. R., la députation de l’Académie fut introduite. M. Picot Lapeyrouse, orateur de la Compagnie, porta la parole en ces termes : »

« Monseigneur, »

« L’Académie des Jeux Floraux, dont l’existence précéda celle de tous les corps littéraire de l’Europe, s’enorgueillit de pouvoir faire éclater sans contrainte les sentiments de respect, d’amour, de fidélité dont elle a constamment été pénétrée pour son Roi légitime et d’en présenter l’hommage à un prince si digne d’être compté parmi les membres de l’auguste famille des Bourbons. »

« L’Académie se rappelle avec complaisance le nouveau lustre qu’elle avait acquis par les bienfaits de nos Rois. Elle a consacré dans ses fastes l’époque glorieuse où S.M. Louis XVIII, alors Monsieur, daigna s’asseoir au milieu des successeurs de nos joyeux troubadours dont le Gai Collège et les vergers merveilleux furent autrefois un des plus beaux ornements de notre cité palladienne. »

« Cette Société antique fut précipitée dans l’abîme de la destruction universelle avec toutes les institutions grandes et libérales sur lesquelles reposent la sureté, la splendeur et la prospérité des nations. Il lui est enfin permis de reprendre son essor et de se livrer à l’impulsion énergique du sentiment qui l’anime. »

« Témoin des évènements surnaturels qui rendaient à la France cette glorieuse dynastie qui fit si longtemps son bonheur, l’Académie célèbrera la toute-puissance du Très-Haut dont le bras protecteur vient de signaler ses miséricordes et sa justice par les prodiges les plus éclatants : la paix et le repos donné au monde, les fils chéris de St-Louis et d’Henri IV rendus à nos vœux, la France rétablie dans sa félicité première par leurs soins paternels et réparateurs, les plaies profondes dont elle était couverte cicatrisées par leurs vertus et leur affection. Tels seront désormais les sujets inépuisables et féconds de nos chants et de nos solennités. »

« Les Lys qui jettent un si grand éclat dans les jardins poétiques d’Isaure, courbés un instant par l’orage, relèvent leurs têtes pures et resplendissantes. Ils seront l’objet de nos plus tendres sollicitudes comme ils le furent toujours de notre culte et de notre amour. »

« Puisse V. A. R. accueillir les transports de cette allégresse si franche, de cet épanchement soudain des cœurs, que sa présence excite parmi les fidèles descendants des Tectosages. Nous ne séparerons pas de vous, Monseigneur, l’auguste princesse qui sait si bien embellir vos destinées. Elle rappelle dans nos cœurs attendris les souvenirs touchants et ineffaçables du plus vertueux de nos Rois. »

« Nous supplions V. A. R. de déposer au pied du trône de S.M. Très Chrétienne Louis XVIII les témoignages de respect, de l’amour, de la fidélité de son Académie des Jeux Floraux, et de lui rappeler qu’elle daigna s’asseoir parmi ses membres, applaudir à son institution et encourager ses efforts. »

S. A. R. a daigné répondre :

« Le Roi, mon oncle, m’a parlé des Jeux Floraux et de l’intérêt que cette académie lui inspira lors de son passage à Toulouse. Je lui ferai grand plaisir lorsque je lui rapporterai quels sont les sentiments qu’elle m’a exprimés et comme elle a su garder le souvenir de sa présence. »

Monsieur le Secrétaire a dit :

« Messieurs, lorsque dans la séance du 25 février dernier l’Académie forma les Bureaux particuliers pour le jugement des ouvrages envoyés au concours, nous conservions l’espérance de pouvoir nous livrer tranquillement à ce paisible travail. Cependant les circonstances ne tardèrent pas à s’aggraver, les événements se pressèrent de manière à absorber toutes les attentions et nous fûmes obligés de suspendre les séances de nos bureaux. »

« L’heureuse issue de cette crise n’a pas laissé plus de liberté aux esprits, les émotions vives se sont succédées avec une étonnante rapidité. Il n’était pas possible, au milieu des transports de joie et de l’ivresse du bonheur accrus par l’arrivée de S. A. R. Mgr le Duc d’Angoulême, de songer à la Fête des Fleurs pour laquelle d’ailleurs rien n’était prêt encore. Plusieurs motifs m’engagent à proposer à l’académie de renvoyer au 3 mai 1815 la distribution des prix. Il faut deux mois pour le travail des Bureaux particuliers et du Bureau général et d’impression des Recueils. Il ne serait possible de célébrer la Fête que vers la fin de juillet ou au commencement du mois d’août. À cette époque, ceux de nos mainteneurs qui ne sont pas retenus à la ville par des fonctions publiques sont déjà partis pour la campagne. Nous aurions beaucoup de peine à réunir assez de juges pour prononcer sur les ouvrages envoyés au concours. D’ailleurs, dans le mois de février, toutes les sommes trouvées dans les diverses caisses ont été appliquées aux besoins urgents de l’armée et les fonds de notre dotation ne nous ont pas été comptés. J’aurais donné toutes les raisons les plus déterminantes si j’ajoute que les ouvrages mis au concours portent l’empreinte des circonstances dans lesquelles ils ont été composés, ce qui en rendrait la lecture et la publication inconvenante et même impossible ! »

« Je dois vous renouveler dans cette occasion, Messieurs, la proposition qui vous a été faite et dont vous avez renvoyé l’examen à une commission, savoir s’il ne conviendrait pas de rétablir notre Violette dans ses droits de fleur souveraine, d’en faire la première joie de notre Fête, à bannir du jardin d’Isaure cette Amaranthe bizarre qui n’y a été introduite que par erreur, à ce que pense notre confrère Mr La Pérouse, à qui nous devons une lumineuse et intéressante dissertation historico-botanique sur les fleurs que distribue l’Académie, et à la remplacer par une autre fleur qui se prête mieux à l’imitation de l’orfèvre et dont les qualités soient plus en rapport avec la destination que nous lui donnons. »

« Messieurs, toute la France étant occupée du Roi et des moyens de lui témoigner son respect et son amour, ne devons-nous pas célébrer l’heureux événement qui le rende à la France, nous qui reçûmes il y a déjà longtemps des marques particulières de sa protection et de sa bonté. Ne serait-il pas convenable de donner pour sujet de chaque genre des ouvrages le retour de la famille d’Henri IV et de St-Louis ? Quel plus beau sujet à présenter aux sublimes accents de la muse lyrique, à la dignité du poème, aux actions de grâce, aux invocations religieuses de l’hymne à la Vierge. L’Eglogue et l’Idylle pourront s’élever à la hauteur d’un tel sujet. Que de tristes et douloureux souvenirs n’offre-t-il pas à l’Elégie. Nous ne devons pas, ce me semble, abandonner le beau sujet de l’Eloge de Pascale. »

Sur le rapport de Mr le Secrétaire, l’Académie a délibéré

 :

1°) qu’il n’y aurait point de distribution des prix cette année et que les ouvrages envoyés au concours pourront être retirés et reproduits pour le concours de l’année 1815.

2°) que la commission déjà nommée le 30 juillet dernier ferait incessamment son rapport sur la proposition renouvelée de rendre à la Violette sa première place et de bannir l’Amarante du nombre de nos prix. Et vu l’absence de Mr d’Escouloubre et de Mr Dralet, membres de cette commission, Messieurs Hocquart et Lavedan sont priés de les suppléer dans ce travail.

3°) il sera distribué en 1815 un second prix de Discours dont le sujet est l’Eloge de Louis XVI, et le prix sera double.

4°) il sera publié un programme pour annoncer les délibérations de l’Académie – [Signature] D’Ayguesvives.