Transcription Transcription des fichiers de la notice - 78. Séance du 15 juillet 1814 1814/07/15 chargé d'édition/chercheur Courant, Elsa (éditeur scientifique) Elsa Courant, CELFF ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1814/07/15
Français

Séance du 15 juillet 1814

M. d’Ayguesvives

M. Destouches

M. de Malaret [Signature] Malaret

M. Carney [Signature] Carney

M. le Président d’Aldéguier [Signature] Le Pt d’Aldéguier

M. l’Abbé St-Jean [Signature] St-Jean

M. Carré

M. l’Abbé Jamme

On a procédé par la voie du sort à la nomination du Modérateur et du Sous-Modérateur du trimestre de juillet. Monsieur l’Abbé Jamme est Modérateur; Monsieur l’Archevêque Sous-Modérateur.

Monsieur le Secrétaire a présenté à l’Académie l’hommage de la reconnaissance de Monsieur le Marquis de Latresne pour l’honneur qu’elle lui a fait de le choisir pour porter la parole au Roi en son nom. Il a donné lecture du procès-verbal qui a été dressé par les membres de la députation où se trouve rapporté le discours de l’orateur et la la gracieuse réponse de S. M.

L’Académie a délibéré de faire transcrire ce procès-verbal dans ses Registres.

Elle a prié Monsieur le Secrétaire d’écrire à Monsieur de Latresne pour lui témoigner combien elle était satisfaite de la manière dont il avait rempli la commission dont il avait bien voulu se charger.

Monsieur le Secrétaire a été encore prié d’écrire à Monsieur de Malcor, un de nos Mainteneurs, pour le féliciter au nom de ses confrères sur son retour en France et sur sa nomination à la place de Conseiller d’Etat.

M. Carré et M. l’Abbé Jamme ont été nommé commissaires pour se rendre auprès de Monsieur Jouvent et lui témoigner toute la part que prend l’Académie à ma perte qu’il vient de faire de son fils aîné.

Suit la copie du procès-verbal:

En vertu de la délibération prise par l’Académie des Jeux Foraux le 9 mai dernier par laquelle cette société littéraire envoie une députation pour porter ses hommages aux pieds du Trône et choisit Mr le Marquis de Latresne pour porter la parole, Messieurs les mainteneurs s’étant réunis au nombre de treize, savoir: MM. le Marquis de Latresne, de Malcor, le Comte de Lavedan, de Lapeyrouse, le Comte Primat, Hocquart, le Baron Desazars, Dralet, le Baron Gary, le Baron Desmousseaux, le Baron de Cambon, l’Abbé de Rozières, Gauldrée de Boileau, il a été délibéré de faire de suite les démarches requises en pareil cas pour obtenir une audience du Roi. Sur quoi M. de Latresne a écrit la lettre suivante au Ministre Secrétaire d’État au département de l’Intérieur:

Monseigneur, l’Académie des Jeux Floraux réclame la faveur de déposer ses hommages aux pieds du trône. Chargé par elle de porter la parole, je supplie votre excellence de vouloir bien mettre notre demande sous les yeux du Roi à l’effet de nous obtenir une audience de Sa Majesté. Je suis avec respect, Monseigneur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur – Signé: Le Mis de Latresne.

Le lendemain M. de Latresne reçut la lettre suivante:

Paris le 4 juillet 1814,

Le Grand Maître des Cérémonies de France, après avoir pris les ordres du Roi, à l’honneur de prévenir le Marquis de Latresne que la députation de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse sera présentée à Sa Majesté par le Grand Maître des Cérémonie demain mardi 5 juillet à onze heures et demie au Château des Tuileries.

Le Grand Maître des Cérémonies prie Monsieur le Marquis de Latresne d’agréer l’assurance de sa considération très distinguée – Signé; Le Marquis de Dreux-Brézé.

Ledit jour, 5 juillet, MM. les députés se sont rendus à l’heure indiquée au Château des Tuileries, puis ayant été conduits devant Sa Majesté, M. de Latresne orateur a prononcé le discours suivant.

Sire,

Si les petit-fils des héros s’honorent avec raison de la gloire de leurs ancêtres, l’Académie des Jeux Floraux peut se féliciter aussi de devoir son origine à ces antiques poètes guerriers, galants et religieux nés sous le beau ciel de l’Occitanie. Elle aime à rappeler et l’ambassade solennelle qu’envoya Jean Roi d’Aragon à Charles VI pour obtenir deux troubadours à l’effet de fonder à Barcelone un collège de Gai Savoir, et le vif intérêt que Charles IX, visitant nos remparts en 1563, prit à la célébration de nos Jeux littéraires devant la statue de Clémence Isaure. Mais, Sire, nous avons eu nous-mêmes nos jours de gloire et d’éternel souvenir et c’est à vous que nous devons cette brillante époque.

Admis près de vous, Sire, le 20 juin 1717, nous reçûmes de la bouche de Monsieur, frère du Roi, les témoignages les plus flatteurs de son estime. Le lendemain, jour plus mémorable encore, Votre Majesté daigna prendre place à l’une de nos séances particulières et, déployant sous nos yeux cette vaste érudition, cette grâce de langage et ce goût pur pour la belle littérature qu’ont admiré depuis tant d’illustres étrangers, elle voulut bien accepter encore le jeton académique.

Le don de votre portrait, Sire, fut une nouvelle preuve de votre bienveillance. Hélas! Il rehaussait la pompe de nos fêtes, lorsqu’une sanglante révolution vint nous arracher de ce Capitole où nous avaient réunis vos augustes prédécesseurs.

Rassemblés après quinze ans de dispersion, mais restés toujours fidèles à nos maîtres légitimes, refusant de rendre un vil hommage à la Tyrannie et de nous précipiter dans la servitude, suivant l’énergie expression du peintre de Germanicus, nous repoussâmes toute idée d’une organisation nouvelle.

Nous avions pour protecteur le Roi. Ce nom auguste était encore en 1790 à la tête de notre liste. En 1806, il ne fut pas possible de l’y rétablir, mais nul autre nom n’y fut inscrit. Cette place est vide encore et nous attendons pour la remplir que Votre Majesté daigne nous le permettre.

C’est ainsi que nous avons mérité, Sire, la précieuse faveur d’apporter à vos pieds l’expression de notre amour et de notre joie. Fiers de l’heureux avenir que nous promettent vos premières institutions et témoins des vertus qui brillent sur le Trône et près du Trône, nous jurons devant le digne successeur de Henri IV de conserver toujours dans nos cœurs et dans nos écrits la devise chère aux Troubadours Dieu et le Roi.

Réponse du Roi: «Je reçois avec plaisir l’expression des sentiments de l’Académie des Jeux Floraux. Vous me rappelez une époque qui me fût toujours chère. Je reprends dès aujourd’hui le titre de Votre protecteur.

Après quoi, l’orateur a demandé la décoration du Lys pour les membres, tant présents qu’absents, de l’Académie. Le Roi a répondu qu’elle l’accordait avec plaisir.

L’audience terminée , la députation s’est rendue chez Mr le Chancelier de France à qui elle a fait part des anciens Statuts de l’Académie et du titre de protecteur des Jeux Floraux que Sa Majesté venait de reprendre. Sur quoi, Mr le Chancelier a répondu qu’il était infiniment flatté de la démarche de la députation et qu’il ne pouvait voir qu’avec un grand plaisir son nom placé à la suite de celui du Roi sur la liste des mainteneurs.

En foi de quoi, nous Mainteneurs et députés de l’Académie des Jeux Floraux, avons dressé et signé ledit procès-verbal – Fait à Paris le 7 juillet 1814.

Le Mis de Latresne orateur; Belmont de Marcor; Le Comte de Lavedan; Picot de Lapeyrouse; Le Comte Primat; Le Baron Desazars; Dralet; Desmousseaux; Rozières vic.gal; H. G. Boileau; Le Baron de Cambon; Hocquart.

Signature [D’Ayguesvives