Transcription Transcription des fichiers de la notice - 98. Séance du 29 août 1815 1815/08/29 chargé d'édition/chercheur Courant, Elsa (éditeur scientifique) Elsa Courant, CELFF ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1815/08/29 Fiche : Elsa Courant, CNRS – Sorbonne université ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

Séance extraordinaire du 29 août 1815

M. d’Ayguesvives

M. l’Abbé de Rozières

M. Jouvent

M. le Président Hocquart

M. l’Abbé St-Jean

M. Jamme

M. l’Abbé Jamme

M. de Lavedan

M. le Baron Gary

Monsieur le Secrétaire a dit: Messieurs, la députation de l’Académie a été introduite auprès de S.A.R. Monseigneur le Duc d’Angoulême, Monsieur de Lavedan qui avait été nommé pour haranguer le Prince au nom de l’Académie, lui a adressé la parole en ces termes:

Monseigneur

Depuis ce jour de deuil qui entraina Votre Altesse Royale loin de nous, nos assemblées ont cessé, nos jeux ont été suspendus. Voilà le témoignage particulier de respect et de dévouement qu’ose vous offrir l’Académie des Jeux-Floraux, cette Académie fidèle qui même dans les temps les plus orageux n’a jamais reconnu d’autre protecteur que le Roy. En vous portant, Monseigneur, l’hommage de ses regrets sur les circonstances passées, de ses sollicitudes pour votre personne, de la joie que lui cause le retour du Roy dans sa capitale, le vôtre, Monseigneur, dans nos contrées, elle ne fait que partager le sentiment universel. Elle n’emploiera pour s’y joindre que le cri de Vive le Roy, Vivent les Bourbons, ce cri si cher qui ne cessera jamais de retentir en France.

Les fastes de l’Histoire, les panégyriques de la littérature, les chefs d’œuvre des arts, tous ces monuments de gloire ne sont pas à l’abri des outrages du temps, mais il est en France pour les Bourbons un monument inaltérable. C’est ce sentiment de respect et d’amour pour eux que l’exemple et les souvenirs de la reconnaissance transmettent de génération en génération et qui excitent autour de Votre Altesse Royale ces acclamations d’un peuple dont la majeure partie n’a fait encore qu’apercevoir les Bourbons sur le trône. Un édifice fondé sur cette base ne peut crouler. Aussi est-ce en vain que dans votre absence, Monseigneur, on a mis en action autour de nous tout le déchainement des passions, tous les fantômes de la politique, toutes les ruses du mensonge, tout l’appareil de la violence. Nos cœurs ont été un moment comprimés, mais rien n’a pu les dévier ni les faire fléchir. Daignez en juger, Monseigneur, par les transports de l’allégresse publique.

Pourquoi faut-il qu’un aussi beau jour nous laisse encore des désirs à former? Et Votre Altesse Royale nous le pardonnera, oui, Monseigneur, nous soupirons tous après l’heureux moment qui emmènera dans nos murs cette auguste princesse dont la grande âme, en trouvant les moyens de l’accroître dans chaque circonstance, nous fait éprouver que le sentiment de l’admiration est inépuisable. Elle avait offert à l’univers le modèle de toutes les vertus, celui de la constance dans le malheur, de l’intrépidité dans les grandes crises, de la pété la plus résignée dans toutes les chances de l’adversité; il lui manquait de faire voir la simplicité dans la grandeur. Avec quel intérêt n’a-t-elle pas offert ce spectacle à toute l’Europe!

Puissions-nous bientôt, Monseigneur, vous devoir le bienfait de sa présence qui seule pourrait ajouter à l’ivresse qu’excite celle de Votre Altesse Royale.

Monseigneur a daigné répondre:

Je vous remercie des sentiments que vous témoignez pour moi et pour Madame la Duchesse d’Angoulême.

L’Académie a délibéré de faire selon l’usage transcrire sur ses registres la harangue adressée à Monseigneur et la réponse de son Altesse Royale.

En exécution des Règlements, on a procédé par la voie du sort à la nomination d’un Modérateur et d’un Sous-Modérateur pour le trimestre de juillet. Le sort a désigné M. Jamme pour Modérateur et Monsieur le Baron Gary pour Sous-Modérateur.

Conformément à l’usage, on a procédé de la même manière à la nomination des Modérateur et Sous-Modérateur du trimestre d’octobre. Monsieur le Pt d’Aldéguier a été désigné pour Modérateur et Monsieur de Lavedan pour Sous-Modérateur.

M. d’Ayguesvives a proposé à l’Académie de mettre à la disposition particulière de M. Poitevin, sur sa demande, cinquante exemplaires de l’Histoire de l’Académie des Jeux Floraux qu’elle vient de publier. Il a été unanimement délibéré de mettre à la disposition particulière de M. Poitevin les cinquante exemplaires demandés, en se félicitant de trouver cette occasion de témoigner à Mr le Secrétaire perpétuel combien l’Académie est sensible au zèle qu’il a mis à la rédaction de son Histoire et qu’il ne cesse de porter à tout ce qui peut intéresser sa gloire.

Mr le Dispensateur est autorisé à remettre au Bedeau de l’Académie la gratification annuelle pour 1814 et 1815.

Monsieur d’Ayguesvives a dit que l’arrivée de Madame la Duchesse d’Angoulême à Toulouse étant annoncée comme très prochaine, l’Académie devait s’occuper de nommer un orateur chargé de porter la parole à la tête de la députation qui ira présenter à son Altesse Royale les hommages et le respect de l’Académie. En conséquence il a été, selon l’usage, procédé à cette nomination par la voie du scrutin. Monsieur Pinaud ayant reçu la majorité des suffrages, est nommé l’orateur de l’Académie pour haranguer Madame la Duchesse d’Angoulême.