Transcription Transcription des fichiers de la notice - Le flibustier, pp. 45-46 Vilaire, Etzer 1902 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1902 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

Mais la Gonâve enfin paraît à l’horizon.

Comme une brune enfant dans les bras de sa mère,

Elle sommeille au fond du golfe, et la lumière,

Sur ses bords veloutés d’épaisse frondaison,

Joue et dort avec l’ombre. Île en miniature,

Elle offre à des pêcheurs ses berceaux de verdure.

Bientôt l’homme des mers voit Port-Républicain,

La voile flotte encore sous la brise légère,

Mais la proue a cessé de fendre l’onde amère.

Le vaisseau mouille au loin… Sur le ciel du matin

Pas un pli nuageux, dans le golfe splendide

La mer au front d’argent s’étend sans une ride.

L’air y soupire à peine ; un silence profond

Plane sur tout le port. Des nefs quittant la grève

Glissent vers les coins bleus comme au souffle du rêve.

On peut à peine ouïr le bruit furtif que font

Ces fuites sur les eaux… Mais des cris de détresse

Éveillent sous la nue un frisson de tristesse.

Seuls, les esclaves noirs ont ces accents plaintifs…

Les bois harmonieux écoutent leurs alarmes,

Le soir tarit leur sang, leur sueur et leurs larmes.

La maternelle Afrique à ces lointains captifs

Apparaît et leur montre en d’errantes images

Un vaste ondulement de lumineux rivages…