Mais la
Comme une brune enfant dans les bras de sa mère,
Elle sommeille au fond du golfe, et la lumière,
Sur ses bords veloutés d’épaisse frondaison,
Joue et dort avec l’ombre. Île en miniature,
Elle offre à des pêcheurs ses berceaux de verdure.
Bientôt l’homme des mers voit
La voile flotte encore sous la brise légère,
Mais la proue a cessé de fendre l’onde amère.
Le vaisseau mouille au loin… Sur le ciel du matin
Pas un pli nuageux, dans le golfe splendide
La mer au front d’argent s’étend sans une ride.
L’air y soupire à peine ; un silence profond
Plane sur tout le port. Des nefs quittant la grève
Glissent vers les coins bleus comme au souffle du rêve.
On peut à peine ouïr le bruit furtif que font
Ces fuites sur les eaux… Mais des cris de détresse
Éveillent sous la nue un frisson de tristesse.
Seuls, les esclaves noirs ont ces accents plaintifs…
Les bois harmonieux écoutent leurs alarmes,
Le soir tarit leur sang, leur sueur et leurs larmes.
La maternelle Afrique à ces lointains captifs
Apparaît et leur montre en d’errantes images
Un vaste ondulement de lumineux rivages…