Argan est retombé dans son isolement :
Et le cœur agité du mal qui le dévore,
Il se lève, le front pâle, il écarte un store,
Et se penche, et contemple… Un pan du firmament
Avec son azur sombre et ses regards d’étoiles,
Pareils aux feux lointains de millions de voiles ;
La lune promenant sa corne en fusion
Sur ce cadre éclairé des splendeurs sidérales ;
La somnolente mer où court avec des râles
La houle qui frémit ; comme une vision
De fantômes follets, d’ombres aux formes vagues
Dans le miroitement phosphorescent des vagues.
Tout cela s’offre à lui par le hublot ouvert.
Un souffle caressant de brise douce et lente,
Comme un moite baiser de femme nonchalante,
Effleure son front sourd, que ronge, tel un ver,
L’ennui pensif… il rêve amer, un rêve
De muet désespoir qui jamais ne s’achève.