Ils s’accoudèrent à la fenêtre. Elle était si étroite que leurs coudes se touchaient et que plus d’une fois, leurs mains se frôlèrent, tremblantes et froides.
Au dehors, avec le petit jour, qui orangeait l’horizon, les bruits du matin naissant, rayaient l’air, emportés sur l’aile du vent. De légers frémissements couraient dans les arbres qui tachetaient de leur ombre frissonnante, l’ombre transparente de la nuit en fuite. Des basse-cours voisines
L’un après l’autre les astres éteignaient leurs regards de lumière. Quelques étoiles luttaient encore contre le jour. Leurs clignottements [sic] désespérés étaient si rapides qu’elles avaient l’air d’être de petites flammes de veilleuse se tordant aux souffles grandissants d’une bourrasque. Et là bas, jusqu’au bout du ciel, le croissant laiteux et pâle, descendait comme poussé par les nuages qui le suivait. On dirait qu’il allait se détacher du bord de l’horizon et faire une chute tourbillonnante dans le vide, dans l’infini.
Devant ce ciel vers lequel montait un jour indécis, devant le réveil de la nature qui, s’étirant, paraissait tout heureuse de son sommeil de la nuit, Lucienne et Henri eurent un vague sentiment de mélancolie. Ils le sentirent proche, le moment du départ auquel de toute la nuit ils n’avaient pas pensé tant ils étaient tout à leur joie de s’être rencontrés, tellement ils avaient savouré, – jusqu’à perdre la faculté de songer à autre chose, – le plaisir d’avoir tenu leur rêve à porter [sic] de leur main.