Transcription Transcription des fichiers de la notice - Deux Amours, pp. 38-39 Brun, Amédée 1895 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1895 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Les couchants tropicaux sont une féerie éblouissante : de quart d’heure en quart d’heure le décor change et en quelques instants toutes les nuances du spectre solaire y ont passé. Comme un immense feu d’artifice, cela s’éteint brusquement et les cuivres éclatants, les ors lumineux, l’émeraude au vert transparent, le bleu d’indigo s’atténuent, s’évaporent, se dispersent en petites vagues de mauve, en flocons de rose fané, en imprécises fleurs de camomille.

Mais, en ce moment, la polychromie occidentale venait de se fondre en une large lueur rouge, dont l’éclat de sang éclaboussait toute la nue. C’était sur l’horizon comme un incommensurable incendie, l’incendie d’une ville possible brûlée en tous ses quartiers à la fois, par les mains barbares d’une horde dévastatrice, tandis que dans les rues couleraient des fleuves de liquide rouge. Dans l’état particulier d’esprit où il se trouvait, Henry fut violemment impressionné par l’étrange phénomène mété[o]rologique.