La côte abrupte de Caprée, la bien nommée, et où la chèvre elle-même pourrait à peine grimper, se gerce en fissures nombreuses du côté qui regarde Naples. L’une de ces gerçures, plus grande que les autres, est la grotte azurée. Quand la vague, s’enflant à l’étroite ouverture, pousse la barque du visiteur dans cette cavité qui, au dehors, ne semble qu’un trou creusé par la mer dans le rocher, on se trouve tout à coup dans une sorte de large et longue salle ayant pour parquet une nappe d’eau du bleu le plus foncé ; mais quand la barque glisse plus avant sur cette nappe d’eau d’aspect huileux, on la voit graduellement changer de nuance et devenir d’un bleu clair et transparent qui, se reflétant sur les parois de la grotte et sur la voûte, leur donne l’aspect le plus singulier, le plus charmant. On dirait ou que cette eau et ces rochers ont été teints, ou qu’ils sont recouverts d’une gaze de cette couleur, ou qu’au fond de la roche une mine de saphir, changeant de nature et devenant fusible, coule dans ce bassin, ou encore que la pierre qui recouvre l’eau et l’enserre de tous côtés est elle-même un énorme saphir se reflétant sur ce petit lac en teintes plus ou moins vives, suivant l’intensité de la lumière.