Toute sa fatigue s’évanouit à l’impression que lui fit la vue incomparable qui se déroulait devant lui, au bas de la montagne : Deux mers immenses, l’une verte, l’autre bleue, semblaient se réunir au loin d’autour d’un étroit espace, qui blanchissait au milieu d’elles. Ce point blanc, c’était Naples ; la mer verte, c’était la plaine sans fin de la Campanie ; la mer bleue, c’était la mer, qui allait, comme l’autre, se confondre avec la courbe insaisissable de l’horizon.
Tout autour sur la montagne, une solitude couverte de lave. À droite, dans l’ancien cratère, dit la Somma, une mare de bitume fondu qui, de là, descendait en bouillonnant. Derrière, mais en haut, bien haut toujours quoique après deux heures d’ascension, l’épaisse colonne de fumée qui tourbillonnait en sortant du nouveau cratère, dont on commençait à discerner la forme sphérique et dentelée.
Cependant, au fond de la Somma, du côté du rocher qui la ferme au nord, l’œil se reposait avec étonnement, avec consolation, pour ainsi dire, sur quelques plantes et quelques arbustes, qui venaient là comme égarés dans ce désert, au milieu des cendres de la fournaise. Du côté opposé on apercevait de même de loin en loin quelques vestiges de végétation, deux ou trois tiges à pâle verdure se serrant les unes contre les autres, représentants solitaires de la nature vivante au sein de la destruction et de la mort.