Du côté de Spiez, deux collines élevées, deux contre-forts de l’immense ligne des Alpes, se regardant d’abord à distance, puis, se rapprochant lentement l’une de l’autre par la déclivité de leurs pentes, et se touchant enfin du pied, donnaient passage, par l’ouverture qu’elles formaient ainsi, aux longs rayons que jetait le soleil en droite ligne du milieu des nuages au moment de disparaître derrière les montagnes. Ces nuages, pourpre et or, mariaient leurs reflets à l’éclat de cette lumière et teignaient le lac, l’horizon et le ciel de tous les tons du rouge et du jaune, fondus ensemble ou séparés. Ces dernières lueurs du jour, courant entre les deux coteaux, s’éparpillaient et poudroyaient en poussière dorée sur tout le pays. Le lac de Thoune étincelait.
La barque allait toujours dans la voie lumineuse, et la gracilité des formes de la jeune fille, toujours debout en pleine lumière, se dessinait correctement sur le fond sombre des montagnes de l’autre bord.
Aucun bruit sur le lac ; on percevait seulement, mais en écoutant, le mouvement lointain de l’aviron du batelier, affaibli graduellement par la distance.