La mer, partout la mer, les flots suivis des flots !
Les vagues rassemblent leur chevelure humide
Où la brise en courant pose un baiser timide,
Le lointain pâle empli d’un bruit sourd et de sanglots
Plainte de l’inconnu, frisson que rien n’explique,
Qui vont des océans au ciel mélancolique.
Le ciel, la mer – au front immense et rembruni –
Tous deux se contemplant et se cherchant dans l’ombre
Pour joindre à l’horizon leur azur morne et sombre
Dans l’enveloppement d’un baiser infini ;
La mer qui réfléchit la coupole du monde,
Le ciel qui boit l’haleine amoureuse de l’onde !...
Dans l’espace, où réside un silence profond,
L’ ombre errante des nuits s’efface comme un rêve.
Tel un rideau soyeux qu’un archange soulève,
L’horizon au levant s’entrouvre sur un fond
Ruisselant d’or fluide, où l’aurore sereine
Naît au sein des splendeurs comme une souveraine.