Sous un ciel chargé comme à l’approche de l’orage, le lac avait pris une couleur terne comme celle de l’ardoise et montrait au loin de longues zébrures blanches produites par l’obliquité du jour à cette heure-là. Ulrich s’était attristé de la tristesse du temps, comme s’il y voyait un mauvais présage. Cependant, sur les trois heures, il se fit une embellie : quelques nuages s’entr’ouvrirent et l’ombre qui ternissait le lac se dissipa. Des échappées de lumière coururent sur la crête des montagnes et descendirent sur les collines et dans la plaine. Le pays se ranima ; on eût dit que ce n’étaient pas les mêmes lieux qu’on voyait le moment d’avant. L’âme du jeune homme s’éclaircit aussitôt elle-même et se raffermit : ce sourire inopiné du ciel lui parut de meilleur augure que l’ombre d’auparavant ne lui avait semblé fatidique.