Ils descendirent un jour du côté d’Interlaken et se promenèrent, la main dans la main, dans cette verdoyante petite plaine, longue et étroite, incomparable de pittoresque, qui s’étend en face des glaciers immenses de la Jungfrau, adossée à la haute montagne du Stockhorn, entre le lac de Brienz et le lac de Thoune. La Suisse n’a rien de plus beau, de plus helvétique, que ce petit pays. Le soleil se lève sur les glaciers et donne chaque matin, sur les sommets des Alpes, une fête éblouissante. L’air est pur et vif, imprégné d’aromes. La végétation, d’une richesse éclatante, étale une verdure vive comme aux Antilles. Le pied disparaît dans l’herbe. De deux côtés, de grands noyers, grands comme des acajous, étendent leur ombrage sur la prairie, où ils abritent les pâtres avec leurs troupeaux, à l’heure où le soleil des longs jours d’été change en torrents les neiges des glaciers.