L’aube, à demi réveillée, étendait ses longues lignes blanches sur le bord du ciel et posait, comme Mercure, la pointe de ses pieds ailés sur le sommet des monts pour s’élancer en plein air. Chaque fois que le chemin, montant en spirale comme sur toutes les hauteurs, mettait les voyageurs dans la direction de l’Orient, il leur semblait qu’ils approchaient de ces blancheurs transparentes qui éclairaient vaguement l’horizon et la forêt devant eux, et qu’ils allaient entrer dans cette aurore, qui répand sur la terre autant de grâce, de tendresse, d’émotion, d’enthousiasme que de clarté. Bientôt des teintes roses rayèrent le blanc, et, peu à peu, se fondirent en lueurs dorées. Ces rayons précurseurs, que les anciens appelaient, dans leur langue imagée, les flèches d’Apollon, bordaient de leurs pointes jaunes, comme d’une frange d’or, les contours des montagnes, ou comme la blonde auréole que les peintres font rayonner autour de la tête des divinités et des saints. Ils s’élevèrent insensiblement, inondant les