Transcription Transcription des fichiers de la notice - Le Damné, Vol. I, pp. 238-239 Delorme, Démesvar 1877 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1877 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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L’aube, à demi réveillée, étendait ses longues lignes blanches sur le bord du ciel et posait, comme Mercure, la pointe de ses pieds ailés sur le sommet des monts pour s’élancer en plein air. Chaque fois que le chemin, montant en spirale comme sur toutes les hauteurs, mettait les voyageurs dans la direction de l’Orient, il leur semblait qu’ils approchaient de ces blancheurs transparentes qui éclairaient vaguement l’horizon et la forêt devant eux, et qu’ils allaient entrer dans cette aurore, qui répand sur la terre autant de grâce, de tendresse, d’émotion, d’enthousiasme que de clarté. Bientôt des teintes roses rayèrent le blanc, et, peu à peu, se fondirent en lueurs dorées. Ces rayons précurseurs, que les anciens appelaient, dans leur langue imagée, les flèches d’Apollon, bordaient de leurs pointes jaunes, comme d’une frange d’or, les contours des montagnes, ou comme la blonde auréole que les peintres font rayonner autour de la tête des divinités et des saints. Ils s’élevèrent insensiblement, inondant les Alpes de lumière, et, quelques instants après, sans que l’œil pût préciser le moment où il parut, le soleil montra enfin la courbe éblouissante de ce sommet d’arc où resplendissent le matin, sur une sorte de fond bleu, toutes les couleurs de la nature.