Il s’assit à l’arrière avec le petit Léon, qui ramait avec lui ; et, en causant gaîment avec ses deux jolies passagères, que cette promenade mettait au septième ciel, il prit plaisir à decendre [sic] lentement le cours paisible de la petite rivière, dont la surface grise était plissée de mille dessins aux lignes mobiles, qu’élargissait en passant le sillage du canot. L’ombre des peupliers s’agitait dans l’eau sur les deux rives au passage de l’embarcation et lui faisait cortége. [sic]
Le paysage était ravissant, sous le ciel pur qui se déroulait autour. De l’autre côté du Clain, des champs verts, des prairies, des maisons de ferme aux toits ornés d’un panache de fumée, des châteaux lointains aux tours crénelées, le clocher de Saint-Benoît, coupant l’azur de l’air de tous côtés.
Plus bas, les laveuses aux jambes nues, aux jupes relevées et retenues entre les genoux, animaient la scène et chantaient sous les saules en savonnant. Un peu plus loin, le Clain fait un coude, change de site, et va couler entre des rives couvertes d’herbes et de fleurs sauvages, où broutaient de loin en loin quelques vaches, conduites par un petit pâtre sifflant un noël, par une vieille aïeule tournant sa quenouille, ou par une pastourelle effeuillant des marguerites ; vrai théâtre d’idylle.