À mesure qu’il s’avançait, il voyait les hautes lignes des montagnes s’estomper au fond, en face, à droite, sur la vague transparence du ciel. Il passait devant ces rivages où, souvent, il avait débarqué pour aller cueillir pour Emma la pervenche éclose au pied du rocher ; devant ces hauteurs qui allongeaient leurs ombres sur la solitude des anses désertes où il aimait s’arrêter pour entendre venir de loin le torrent tumultueux. Tout à coup, le son du cor perça le silence de la vallée, à gauche, du côté de Gonten, et les longues notes plaintives de cette musique des Alpes le firent frémir. Tout ce passé d’amour et d’innocence qu’il retrouvait dans ces lieux lui serrait le cœur, le suffoquait.