Le vent, en sa plénitude auguste, gémissait dans les profondeurs de la nuit sur le chaos noir de l’
-Oh ! Gérard ! Gérard ! que je t’ai…
-Silence, de grâce, silence…
Impétueusement, oscillant dans des balancements de houle, le paquebot filait à toute vitesse, dans la rumeur sinistre des flots nocturnes…
Et doucement, doucement, des notes d’une musique qu’on eût dit tout imaginaire mettaient comme un chatoiement dans la salure de l’air frais et embrumé…
Et, tout cela, immensité formidable de l’espace, noir chaos de la mer et du ciel, clameur déchirante du vent, gong des machines, sifflement strident de la sirène, étreinte amoureuse, mélodie, tout cela n’était que les différentes manifestations d’une seule et même chose : le perpétuel mouvement ou plutôt la Force éternelle, toujours la même – d’où tout est sorti et où tout rentre – accomplissant dans sa marche fatale et aveugle, le mystère, le mystère magnifique et douloureux qui est la Vie.