La route commençait à changer d’aspect. Elle était coupée de ravins peu profonds, de collines mamelonnées à pente douce ou escarpée. Une lune blafarde permettait de deviner la beauté des paysages environnants.

Quelle féerie tout cela doit produire sous les baisers du soleil naissant !

Tantôt, la caravane longeait les coteaux, tantôt elle descendait dans les bas-fonds peuplés de manguiers touffus.

Il était jour quand elle débucha dans une savane couverte de gazons à travers lesquels se jouaient les faibles rayons d’un soleil nonchalant[.] Deci, delà, des clôtures en gaules, à l’intérieur desquelles on voyait des tiges de mats [sic] ou de petit-mil frémissant sous le souffle frais du matin, des chapeaux « de chaume » d’où s’élevait un mince filet de fumée blanche.

On traversa quelques rochers cuits par le feu du ciel, jetés là dans la savane, toujours les mêmes qu’on revoit chaque année, des ruisseaux promenant leurs eaux harmonieuses sous l’ombre tutélaire d’arbres longeant des deux côtés leurs cours sinueux.

La petite troupe s’était arrêtée un moment, tant fut forte pour les trois femmes la tentation de boire cette eau claire et limpide.