Les mois d’été à Luchon sont charmants. La villa des Aliziers, qu’occupaient madame Caminer et sa fille, dominait le flanc d’un joli coteau qui descendait en pente douce vers la ville.
On y arrivait par un sentier tout bordé de genévriers et de néfliers, de chênes-nains, de noyers et de grands ormes.
De sa terrasse, si la vue se fixait sur l’horizon lointain, partout elle rencontrait la masse verte des conifères pyrénéens, coupée de-ci de-là par des pans de rocs moussus ; au contraire, si elle ne contemplait que l’horizon proche, elle s’arrêtait sur de fraîches pelouses, des bosquets ombreux, des ruisselets aux ondes d’argent roulant sur des cailloux blancs et verts, des quinconces artistement taillés, des fontaines d’eaux vives, des jardins anglais dans lesquels les rosiers fleuraient comme baume à côté des lauriers et des résédas, enivrant de leurs parfums les moucherons et les papillons aux vives couleurs, troublant de leurs exquises griseries les valétudinaires et les amoureux.