Le soir, si elle marchait au bras d’Édriss, ou le tenant par la taille, elle s’appuyait contre lui comme la liane s’appuie au palmier, avec une langueur dont l’autre était charmé. Il la couvait de ses grands yeux fendus en amande, sans parler, la serrant sur lui avec une douce violence, comme s’il eût voulu la faire entrer dans son cœur. Ils s’en allaient à pas lents, buvant l’air salin ; et, pendant que la mer déferlait à grands fracas ou baisait la terre de mille bouches invisibles, leur causerie s’éternisait, enjouée, charmante ; ils allaient, encore et toujours, noyés dans l’or du soleil couchant, s’étreignant sous le regard des premières étoiles, ne pensant jamais que leur bonheur dût finir.