À Haïti, les tourments semblables à celle qui avait assailli Zézé sont soudaines, brusques. Elles arrivent au moment où l’on s’y attend le moins. On galope sur la route, en promenade, sous un ciel fixe, immuablement bleu. Le temps de faire quelques pas et tout a changé, le décor s’est brouillé. Le bleu passe au noir d’encre. Il faut se réfugier très vite quelque part, sous un manguier épais quand il n’y a pas de villa, de cabane proche. Quelques minutes à peine, rien n’y paraît plus. Le soleil rebrille, étincelle sur votre tête. Si c’est après la tombée du jour, la nuit, cloutée de diamants ou promenant la lune dans ses espaces infinis, se lève majestueuse, limpide… Ce qui se passe dans la nature se produit fréquemment, trop fréquemment dans nos caractères. L’orage sillonne souvent notre atmosphère sociale et il y séjourne malheureusement plus longtemps que dans notre ciel.