Transcription Transcription des fichiers de la notice - Marilisse, pp. 245-247 Marcelin, Frédéric 1903 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1903 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Il s’était réfugié à cette époque aux environs de la cathédrale, un peu au delà du presbytère, dans une des cinq ou six maisonnettes centenaires, en ruines, qui s’accrochent encore, par un miracle d’équilibre, au monticule qui se trouve tout au haut du quartier. On ne connaît guère leurs propriétaires, lesquels, sans doute, depuis longtemps, les ont abandonnées. Elles sont au premier occupant, à celui qui, une fois, passant par là, s’y est abrité tant bien que mal de la pluie et y est resté depuis. Elles n’ont jamais les deux battants complets de leur porte : on en est quitte, si on le juge nécessaire, pour boucher le battant manquant avec un bout de planche quelconque enlevée de l’intérieur. Le toit est en dentelles. Le soleil, toute la journée, dessine à travers les pièces de curieuses, de folles arabesques qui, s’allongeant, se rétrécissant, mouvant sans cesse, obligent le locataire improvisé à changer de place à tout instant. Le vent au dehors enlève parfois les si vieilles aissantes qu’elles se volatilisent en s’abattant dans la rue. Quand il pleut à grosses gouttes, de ces gouttes larges, sonores, perçantes, habituelles à nos climats, il n’est pas rare qu’une notable portion de cette pourriture, de cette poussière qu’est la couverture, s’effondre. La cataracte descend inopinément dans la pièce. On fuit en hâte, quelque part, sous la galerie qui, veuve de presque tous ses poteaux, par sa forte inclinaison, permet toutefois à l’ondée de couler sans heurt et sans trop vous transpercer.

Ces maisons du pauvre sont paisibles, hospitalières, immuables. On s’attend chaque soir à ne plus les retrouver le lendemain. Elles persistent, comme si l’âme éternelle de la nature compatissante les animait, les habitait, les secourait dans leur lutte contre la vétusté, contre l’usure et pour le contentement des miséreux sans abri.