Transcription Transcription des fichiers de la notice - Thémistocle-Épaminondas Labasterre, pp. 32-33 Marcelin, Frédéric 1901 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1901 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

Sur des galets bien blancs, polis comme une neige dure, elle [la rivière] coule en serpentant à travers les falaises que son cours fantasque a creusées au sein des terres. Il ne faut pas la juger toujours par son mince volume actuel. Parfois, quand les pluies ont tombé pendant quelques jours dans les montagnes où elle prend sa source, ce n’est plus ce filet d’eau murmurant, caressant, au refrain monotone. Subitement, elle grossit, elle emplit de ses eaux grises les deux murailles qui la bordent, elle emporte sur sa route d’immenses carrières dont les pierres couvrent les propriétés riveraines, elle roule enfin jusqu’au Champ-de-Mars qu’elle ravine dans un rut de diablesse en fureur. Toutefois, ses frénésies sont rares. Elle serpente ordinairement paisible et calme au milieu des arbres à l’épais feuillage dont les racines, presque à nu, trempent dans son onde cristalline. Sur ses bords, les longues gousses du sucrin pendent en grappes vertes et les fruits mûrs du monbin, tombés des branches, font dans l’eau, sur les galets blancs, l’effet de jaunes d’œuf. Çà et là de grosses pierres, posées à la queue leu leu, permettent tant bien que mal de la traverser à pied sec.