Une halte, une cassure semblait s’être faite entre la journée qui finissait et la nuit qui, bientôt, en prenant possession de son domaine, l’emplirait d’une vie, d’un bruit, d’une agitation autres, assoupies, non encore réveillées pour l’instant. Les hôtes de cette nature changeaient. Le modeste grillon essayait sa crécelle et les fleurs, accablées de lumière, fermaient leurs corolles pour céder la place à leurs sœurs nocturnes. La montagne commençait à embaumer étrangement de parfums capricieux, bizarres, dans une débauches de pollen souillé, pollué, gâché comme dans un mauvais lieu. De ce monstrueux alambic d’une flore inconnue, aux mille calices entr’ouverts, sortait déjà une odeur de saturnales, de lupanar, de vautrerie luxurieuse et mortelle. Il fallait la volonté forte ou l’accoutumance pour lutter contre la paralysie de rêve que distillait la montagne parfumée.