Transcription Transcription des fichiers de la notice - Thémistocle-Épaminondas Labasterre, pp. 300-301 Marcelin, Frédéric 1901 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1901 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Dans la maisonnette du fort Saint-Clair rien de ce qui se passait en ville n’arrivait. Aucun bruit ne troublait la solitude profonde qui y régnait aux heures chaudes du jour quand les moustiques, endormis dans les récifs d’alentour, n’avaient pas encore envahi le petit domaine. Bananiers aux longues et larges feuilles luisantes comme si on les avait cirées, cocotiers nains chargés de fruits lourds, en grappes, cannes à sucre à la tige verte, moussue, sillonnée tout du long par des migrations de fourmis, quelques-unes encore de nos plus belles plantes des Antilles, formaient une épaisse frondaison, richement alimentée par le varech et la lente corruption des débris de tout genre composant ce sol. Une source avait jailli tout au haut de la propriété. Elle n’était pas potable, mais son eau claire et fraîche coulait dans un discret gazouillis entre les allées du jardin, bordées de lambis roses. Le déjeuner venait de finir. Sous la tonnelle de vigne vierge, derrière la maison, en face de la mer, Épaminondas, Zulma, Mme Cabatoute s’étaient assis autour d’une petite table pour prendre le café que Félicie venait de servir. L’air vif de la mer, cependant tamisé, amendé par la profuse végétation du lieu, arrivait, comme passé au filtre, dans une douceur attiédie, agréable à respirer.