Transcription Transcription des fichiers de la notice - La Vengeance de Mama, pp. 201-202 Marcelin, Frédéric 1902 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1902 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Soudain, elle [Zulma] sembla chercher, s’orienter. Elle leva les yeux, regarda, contempla un grand mapou dénudé qui ouvrait ses bras sur l’horizon comme des fourches patibulaires. Elle le dépassa, courut quelques pas, et franchit, en tirant à elle deux ou trois pieux transversaux, l’entrée d’une clôture de gommiers. Elle se trouva dans un champ de cotonniers, superbes et robustes. De leurs capsules entr’ouvertes, dénonçant la cueillette prochaine, on voyait briller la blancheur des soies. Elle le traversa sans hésitation. Elle tomba dans une vaste culture où différentes espèces de plantes étaient confondues. Elle cherchait son chemin, un sentier pour la guider, pour sortir de ce dédale, pour courir à la petite lampe de la case qu’elle voyait tout au fond de l’habitation, quand, frôlant un arbre sur lequel, en serpent, une grosse liane grimaçait, elle entendit sous ses pieds une plainte : Hou ! hou ! hou ! Vivement elle se rejeta en arrière. Encore la plainte. Elle se précipita en avant. Toujours le cri de souffrance, d’effort… Et voilà que tout le champ se mit à gémir, à se plaindre, à soupirer comme si beaucoup de femmes étaient là, sous terre, en mal d’enfant… Hou ! hou ! hou ! Elles imploraient la délivrance… Folle de terreur, la jeune fille se cognait aux arbres, déchirait son châle, essayait de fuir, de se soulever de ce sol geignant, se lamentant. Elle voulait crier, appeler à son aide, au secours, d’autant plus qu’elle voyait la petite lumière briller là-bas. Il semblait qu’elle ne fût capable que d’un seul acte… fuir… fuir. Toutes ses facultés se trouvaient dispersées, anéanties, brisées. Pour sûr, elle était la victime d’une hallucination, d’un cauchemar tout éveillée.