Le navire s’était mis en marche à six heures du matin par un beau temps, un soleil radieux, argentant les eaux du détroit de l’Île-à-Vaches. La mer était d’un calme parfait et j’ai pu dévorer des yeux le brillant panorama qui s’étendait devant moi.

De la baie des Flammands au port d’Aquin, le voyageur contemple des côtes magnifiques, ornées de cocotiers, d’un vert pâle et tendre, contrastant avec le foncé des grands arbres des collines. Dans les environs de Saint-Louis-du-Sud la plaine et les collines sont couvertes de rizières, toutes jaunes, au moment de la moisson de janvier. Au morne Saint-Georges et au domaine du même nom, toujours des cocotiers, plus drus, et par conséquent, plus visibles au spectateur qui sait aimer la nature belle et superbe ! De la baie des Flammands au port d'Aquin, un rivage charmant, des côtes admirables, dentelées, juponnées, protectrices des frêles barques des pêcheurs et des caboteurs ; des anses, des baies dont chacune a son aspect, ses charmes, sa poésie ; des paysages enfin tels que ceux que l’on voit dans les doux rêves !