Transcription Transcription des fichiers de la notice - Deux pauvres petites filles, p. 133 Courtois, Félix 1920 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1920 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Midi sonnait dans la vibration de l’air ; c’était l’heure chaude entre toutes, affirmant la plénitude de l’été tropical aux âmes énervées et lasses. Aucun souffle ne passait ; les arbres des jardins sommeillaient dans le silence agrandi qui descendaient des hauteurs du ciel. Parfois un vol rapide d’oiseaux rayait de noir le paysage de lumière ; puis, ce n’était plus qu’un point fuyant, imperceptible presque, bientôt évanoui dans l’azur.

Mais au crépuscule naissait le vent qui, des confins de l’horizon, arrivait comme une agréable visiteuse, soufflant aux visages qui se détendaient sa caresse attiédie, forçant les volets clos, s’insinuant par les interstices. La douceur mourante du jour semblait se prolonger, car là-bas, derrière le fort national se levait la lune. Indécise, elle montait dans l’espace, remuait tous les cœurs, mettait des reflets bleus à la feuillée sombre des arbres, dessinait sur le sol les ombres des vieilles maisons. Alors, sous les galeries, c’étaient des groupes animés, un bruit de conversation joyeuse des éclats de rire à propos de tout, des histoires de revenants crispant de peur le cœur des petits qui, la minute d’après, troublaient la sérénité de l’heure de l’échevèlement de leurs cabrioles.