Transcription Transcription des fichiers de la notice - Deux pauvres petites filles, pp. 139-140 Courtois, Félix 1920 chargé d'édition/chercheur Boraso, Silvia (éd.) Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1920 Fiche : Silvia Boraso, Université Ca' Foscari et Université Paris Est Créteil ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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On ne la [la lune] voyait pas encore, mais on la devinait pleine et lourde, cachée par les arbres, montant derrière le Fort national. L’attente ne fut pas longue, car subitement elle montra son disque d’or rouge. Elle montait évoluant lentement dans l’infini changeant de l’éther. Et c’était plus de clarté qui, à mesure, baignait les choses d’une profusion de rayons se coulant partout, au fond des âmes dans l’intérieur des maisons. Quand l’astre parvint aux régions supérieures du ciel, sa course parut se ralentir encore en même temps qu’elle reprenait sa nuance d’azur. Sous cette influence bienfaisante, une vie nouvelle s’animait mystérieusement par la ville qui secouait dans l’air où passaient des souffles purs, la lourde torpeur des soirs d’été sans lune. Un frisson d’éveil courut sur les cimes argentées des arbres qui développaient sur le sol des ombres inquiétantes tâchées de lumière bleuâtre.

Ce soir, il y avait fête sous le ciel des Tropiques, fête de clarté adoucie s’étendant à tout, de bonté éparse mettant à tous les fronts penchés, à tous les cœurs contrits la sérénité de la nature antiléenne.