C’était la fin du mois d’Octobre. Rien de nottable n’avait troublé la grande monotonie de la vie port-au-princienne. Le ciel avait conservé son bleu inaltérable, le soleil évoluait avec une lenteur infinie dans l’atmosphère unie. Les journées étaient tièdes encore de la chaleur trop ardente du dernier été ; et il semblait que la nature se réveillât soudain de l’étouffement caniculaire avec une allégresse légère qui mettait une détente au cœur. Les arbres des jardins secouaient au vent leurs feuillages poussiéreux qui reverdissaient, lavés à neuf par les ondées successives annonçant les rudes averses de la Toussaint. Il y avait des matins clairs d’une beauté séduisante et fine qui faisaient rêver à l’amour, aux parties à deux dans la campagne solitaire, à la dinette sur l’herbe ; et il y avait aussi des soirs splendides criblés d’étoiles, avec une brise plus douce qu’un soupir de femme.
Loulou goûtait délicieusement le charme souverain de cette nature ardente et généreuse qui, à certains moments de l’année, sourit avec une bienveillance toute maternelle.