Ici la végétation, étonnante de vigueur et de précocité, éternellement luxuriante, est mille fois plus prodigieuse, après qu’un ouragan – phénomène grandiose et terrible des tropiques – a brisé les arbres, déraciné les rochers, bouleversé la nature entière. L’automne suspend des guirlandes aux ruines, parfume les bois, sème partout des fleurs et double la magnificence des champs de cannes, en leur prêtant de blanches aigrettes que la brise fait onduler. L’hiver, cette sœur ainée des saisons, qui, dans un autre hémisphère, grelotte, avare et triste, sous son manteau de neige, est ici la plus jeune, la plus gaie, la plus opulente des filles de l’année : rien n’égale l’abondance des trésors qu’elle fait éclore.
Aussi l’hirondelle n’émigre jamais de cette heureuse patrie ; le musicien y continue invariablement ses concerts, et le ramier ses amours.