Figurez-vous une montagne abrupte dont le sommet s’arrondit en cône et se termine en un large plateau. Un cours d’eau rapide et profond entoure d’un flot d’argent sa base colossale et représente un fossé courant qu’il faut traverser quand on arrive par la vaste plaine qu’elle domine, pour trouver le seul côté accessible à l’homme.
Un chemin étroit, profondément creusé par les eaux pluviales, se tord péniblement autour de cette masse gigantesque si régulièrement assise qu’on dirait un immense blockhaus édifié par la nature.
Le premier soin des deux frères et de leurs compagnons réfugiés dans la montagne avait été d’abattre les arbres qui gênaient la vue, et de construire avec les troncs de ces mêmes arbres un solide rempart revêtu de pierres sur toute la circonférence du plateau.