[D3v] De vous voir ay le cueur joyeulx,
Je vous prometz par mon serment.
Ma dame, à Dieu vous comment
Comment
[bois]
Plus vous ayme que ne faisoye:
J’ay veu la verité toute,
Maintenant je suis hors de doubte.
[D6r]
Pas je ne doibs estre joyeuse
Quant de moy vous vous deffiez:
Dire plus tost qu’à nul vivant.
Jamais nul jour de mon vivant
Ne vous vouluz desdire en rien,
Mais maintenant je congnois bien
Que vous ne m’aymez nullement.
Quant vous et moy premierement
Fusmes espousez à l’
M’aviez vous par la foy promise,
Et moy à vous de la tenir
Et loyaulment la maintenir.
Vous sçaviez bien, mon amy cher,
Que Dieu nous mist en une chair
Et si nous assembla en une;
Par le droit de la loy commune,
Nul ne peult en une chair estre
Fors ung seul cueur en la senestre.
Comme doncques c’est le
Le mien avez et j’ai le vostre.
Rien
Que le mien ne doibve sçavoir.
Pour ce vous pry que me le dictes
Et envers moy ne contredictes.
[D6v] Jamais joye au cueur n’auray
Jusques à tant que le sçauray.
Se dire ne me
Bien sçauray que point ne m’aymez:
Jamais ne vous decellay chose
Qui dedans mon cueur fust enclose.
Je laissé pour vous pere et mere,
Oncles, parens et seur et frere,
Dont j’ay faict ung tres mauvais change
Quant envers moy vous trouve estrange.
Autreffoys m’avez esprouvee,
M’avez vous en faulte trouvee?
Certes pas bien vous ne gardez,
Envers moy ne contregardez
Vostre foy, dont suis bien dolente
En mon cueur et fort desplaisante.
Trop grandement me mesprisez
Quant vostre secret ne m’osez
Dire, moy qui suis vostre
Je vous jure Dieu et mon ame:
Pas bien ne tenez vostre foy
Quant vous vous meffiez de moy.
Je vous pry amyablement
Que vous me deissiez hardiment
[D7r] Et je vous jure que secret
Le tiendray jusques à la mort.
Je ne sçay que je doibtz faire:
Se je le dy, je suis faulcere
Et parjure de convenance,
Aussi en mon cueur ay doubtance
Que se je le dy à ma femme
Que ma niepce tantost diffame;
Touteffoys il fault que luy die.
Or venez ça, ma doulce amye,
Dire vous veulx sans point tarder
Tout mon secret, contregarder
Le vueillez bien celeement,
Ou je vous jure grand serment
Que s’il m’en vient aucun reprouche
Pendue serez à une fourche
Et estranglee d’
Mon cher seigneur, je m’y accorde,
Et plus encores tourmentee.
Dame, je vous dy ma pensee:
[D7v] Ayme ma niepce du vergier;
La damoyselle a affecté
Lequel va querir son amy
Quant il est temps qu’i vienne à luy:
Je vous pry, ne
Non feray ge, je vous affie,
Mon cher seigneur, je vous prometz.
Mal il joue de cestuy metz
Qui l’aymoye perfaictement!
Je vous jure mon sacrement
Que se je puis je luy nuiray:
Trestout le cas descouvreray
Avant qu’il soit ung moys passé.
Mon vouloir a
Et ne m’a voulu obeyr;
La niepce au
Se je puis en quelque maniere,
La faulce villaine loudiere
Et desloyalle tr
Par le filz de Dieu qui ne cesse,
Nous sommes pres de Panthecouste,
Mander il nous fault quoy qu’i couste
Trestous noz amis et parens
[D8r] Pour faire feste liemens
Tous ensemble avecques nous.
Or, ma femme, qu’en dictes vous?
N’en estes vous pas bien contente?
Mandez les en l’heure presente
Sans plus longuement sejourner.
Tout le cas me fault ordonner.
Sà, delivre toy,
Il te fault mettre en chemin
Vistement pour aller tost querre
Tous les chevaliers de ma terre,
Toutes dames et damoyselles,
Marie
Et ma niepce de beaulté pleine
Qui du
Va vitement et te delivre.
Comment le messagier se met en chemin pour acomplir son messaige.