AVANT-PROPOS
–"La relation avec
Iautre est une
relation avec un
Mystere."
– Levinas – "T.A." p.63.
we La question serait done essentiel-
lement partielle, elle serait le
lieu ou la parole se donne toujours
comme inachevee. (... La question
est le desir de la pensee."
–Blanchot – "E.I." p.1½.
Cetto 6tude se reduit a une GUESTION unique, et
infiniment plurielle en son unicite, – la OUESTION DU VISA-
GE. Et cette question est sans reponse, elle est appel voud
a l'infini de l'ccho, elle est attente sans attendu, desir
inconsommable. Elle ne vise donc qu'une "vue d'ensemble",
la plus ample, la plus mouvante, la plus ouverte et vivace
ot illimitee possible, – ie. qu'elle ne releve que de la
geographie souveraine de l'inconnu et du desert, et qu'
olle expose lo visage au vif du plus abrupt A-DECOUVERT.
La question du visage est sans reponse, car celui
qui la pose est par li mome, et d'emblee, lui-meme mis-ell-
question; – mis radicalement et irreversiblement on ques-
tion. Le visage est lo regne do la question, w car est lo
regne infini de l'IlPOSSIDLE.
Le visage ost tout a la fois Sulct-eteobiet de
question, de rencontre, de doute, d'stonnement et de desir;
w il est I'6ternel questionnant de la question infinie.
Ainsi Oedipe, l'6ternel dechiffreur, face au Sphinx,
l'6ternel indechiffrable, ne recoit pour toute reponse que
la NUIT sans mesure de la cecite, de l'exil, de l'errance,
ot du total denuement.
we Aussi une telle question se voue a une reprise
incessante de son 6tonnement, a une repetition sans fin de
son interrogation, a partir de points de vue et d'angles
toujours differents; – 6cholalie du vide, resonnance de
l'absence.
Cotte 6tude ne presente et n'expose donc pas une
these (puisqu'elle part d'un NON-SAVOIR et s'enfonce dans
L'INCONNU) et ne s'articule a aucun principe ou fondement
a priori, mais part d'une EKPERIENCE (la "catastrophe" de
la rencontre et la fascination dosoeuvranto de l'6tonne-
ment); cette ftude ne sera alors que la mise-en-scene-ot.
on-jeu de cette experience a travers toute une serie d'ap-
proches, de pas, de relevements topographiques (lieux, sites
et seuils), d'ovaluations topometriques (directions, tensions.
distances intorioures, vitosses, elans...) ot de releves
d'inconnues (failles, traces, manques et marques, blessures,
sceaux ot soings.) La progression dans cette 6tude ne sera
donc nullemont dialectique, mais purement intonslvo, ne pro-
codant que par circonvolutions, reprises (sans prises ni
saisies), redondances (non tautologiques mais hyperboliques),
spiralisations et creusements.
[illustration]
8
Si les "voix" de nombreux autours se rencontrent
tout au long de ce texte, ce n'est jamais pour les reduire
les unes aux autres, pour les confondre ou les unifier, car
la diversite et l'originalite de la pensee de ces auteurs
d'horizons radicalement differents exigent qu'en soient
sauvegardees les specificites, les tonalites propres ot les
distances. Ces "voix' ne s'entrecroisent ici, sans jamais
se recouvrir, que dans la seule intention de mettre on va-
leur une certaine solidarite do souci, d'intorrogation et
d'5tonnement dans le travail et la patience de la pensee;
w dans la solitude de la passion de la pensee.
C'ost donc pour attester et temolgnor que l'on ne
parle ot n'4crit LOlllOurS que dans l'6coute et l'6cho, ot
la reconnaissance, de la ponseo des autres, ot que l'on ne
s'achemine jamais que par un pas-d-pas attentif et soucieux
des jeux de traces, pistes et erres do la marche des autres.
Car il ost vrai "que l'on ne parlerait, ne penserait, n' crriw
rait jomais que pour cette raison, non "qu'il y a de 1'Stro",
mais, si l'on peut toutefois s'exprimer ainsi, qu'il y a de
lalllre – ie. des hommes. Comme si l'on ponsait et parlait,
non pour impersonnellement repondro a l'appel de le6tro (.e.)
mais parce que d'autres ont ponse, pense en premiere person-
ne, repondu de responsabilite a une inquictudo dont on no
saurait doterminer par avance d'ou elle vient – autros qui,
a leurs tours, vionnent, en nom propre, nous inquieter, nous
oxposer a l'inquictude. Mais comme si, & la fois, ne par-
lant jamais que par los autros, l'on no ponsait et parlait
jamais non plus que pour los autros."()
""Il Y a de l'autre", par et pour lequel toute
pensee, toute parole, se font possibles et necessaires;
"il y a de l'autre" qui touiours inter-pelle, et dans et
& l'appel duquel le moi doit sans cesse se livrer; lo moi
absolument requis et charge d'ecoute, de reponse, d'atten-
tion, de patience, de gratitude ot de souci, d'ochange ot
de signifiance POUR L'AUTRE. De JUSTICE.
w "Il Y..R do l'eutre", et tout texte se situe en
sa proximite (lointeine), touto parole so love en son echo,
toute ecriture so trace en ses confins d'abords; "il y a de
I'autro": e seuil infrayable, infranchissable ot souverain;
– 6crire, ce serait alors tonir vigie du scuil.
w– "Il Y a de l'autre'. – hors-texte introduisant
tout texte, l'extra-vaguant, l'accompagnant, l'in-achovant,
lo contre-signant; "il y a de l'autre" qui toujours deid a
parle, pense, passo, et dont lo dit sans cesse rosurgit
d'entre l'oubli et le silence, transperce ot tremble au
vif de tout texte. – Tout toxte ast polyphone, glissement
de repons.
" Citen, alors, co serait cela: donner temps et
place au dit de l'autre, se laisser ColDer et suspendre la
parole per celle des autres, consentir & la discontinuito,
& l'intorruption, au heurt et a la fascination. Citer serait
une maniere de so retirer, de s'offacer at s'cublier regulid--
rement pour mieux re-con-parattre personpelloment en cat
anonymat. Citer n'est pas un appui, surtout pas une preuve
ni une reference, et absolument pas un enracinement; mais
loin de consolider le texte, les citations le dechirent, le
creusent, le "detruisent", le ruinent; le deracinent.
Texte troud de toutes parts, – PERSONA a bouche
'ombre dol se pro-fere une voix anonyme (mais non imper.
sonnelle) ot plurielle.
Citations elles-memes arrachees au corps d'autres
textes, qui sont alors par la meme a lour tour morcelles,
fragmentes, de-composes, des-oeuvres.
w Les images qui scandent le texte relevent du
meme "arrachoment' ot participent de l'errance narrativo;
elles ne so proposent donc pas comme dos "exemples', mais
simplement comme des ILLUSTRATIONS au sens de: lustrer,
laver, oclairer; I'image ouvre une pause, un glissement,
un silence, dans le murmure du texte qu'elle "blanchit
ot "6claire" d'une blancheur sourde ot grave, d'une clartd
ol Iombre encore se poursuit.
– Ecrire consiste donc en ce porpituol arracholanto
cet incessant deracinement, re-composant par une constella-
tion do fragmonts ot d'oclats une figure nouvelle, un CHIIF.
TRAGE inodit; les citations et images n'ont donc ici d'autre
intention que do laisser so Drofiler l'inattendu du visage
dans los interstices et les absonces d'un texte constellaire.
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LES NOMS DE PERSONNES DONT LE DIRE SIGNIFIE UN VISAGE-
(ece) ne nous aident-ils pas a parlor?"(2)