Transcription Transcription des fichiers de la notice - AVANT-PROPOS Sylvie Germain 1981 chargé d'édition/chercheur Bello, Anne-Claire (édition numérique & transcription) Anne-Claire Bello (LT2D, Université de Cergy-Pontoise) ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1981 Thèse : Sylvie Germain
Numérisation à partir de l'exemplaire conservée à la Bibliothèque universitaire de Nanterre
Français
AVANT-PROPOS
–"La relation avec

Iautre est une

relation avec un

Mystere."

– Levinas – "T.A." p.63.

we La question serait done essentiel-

lement partielle, elle serait le

lieu ou la parole se donne toujours

comme inachevee. (... La question

est le desir de la pensee."

–Blanchot – "E.I." p.1½.

Cetto 6tude se reduit a une GUESTION unique, et

infiniment plurielle en son unicite, – la OUESTION DU VISA-

GE. Et cette question est sans reponse, elle est appel voud

a l'infini de l'ccho, elle est attente sans attendu, desir

inconsommable. Elle ne vise donc qu'une "vue d'ensemble",

la plus ample, la plus mouvante, la plus ouverte et vivace

ot illimitee possible, – ie. qu'elle ne releve que de la

geographie souveraine de l'inconnu et du desert, et qu'

olle expose lo visage au vif du plus abrupt A-DECOUVERT.

La question du visage est sans reponse, car celui

qui la pose est par li mome, et d'emblee, lui-meme mis-ell-

question; – mis radicalement et irreversiblement on ques-

tion. Le visage est lo regne do la question, w car est lo

regne infini de l'IlPOSSIDLE.

Le visage ost tout a la fois Sulct-eteobiet de




question, de rencontre, de doute, d'stonnement et de desir;

w il est I'6ternel questionnant de la question infinie.

Ainsi Oedipe, l'6ternel dechiffreur, face au Sphinx,

l'6ternel indechiffrable, ne recoit pour toute reponse que

la NUIT sans mesure de la cecite, de l'exil, de l'errance,

ot du total denuement.

we Aussi une telle question se voue a une reprise

incessante de son 6tonnement, a une repetition sans fin de

son interrogation, a partir de points de vue et d'angles

toujours differents; – 6cholalie du vide, resonnance de

l'absence.

Cotte 6tude ne presente et n'expose donc pas une

these (puisqu'elle part d'un NON-SAVOIR et s'enfonce dans

L'INCONNU) et ne s'articule a aucun principe ou fondement

a priori, mais part d'une EKPERIENCE (la "catastrophe" de

la rencontre et la fascination dosoeuvranto de l'6tonne-

ment); cette ftude ne sera alors que la mise-en-scene-ot.

on-jeu de cette experience a travers toute une serie d'ap-

proches, de pas, de relevements topographiques (lieux, sites

et seuils), d'ovaluations topometriques (directions, tensions.

distances intorioures, vitosses, elans...) ot de releves

d'inconnues (failles, traces, manques et marques, blessures,

sceaux ot soings.) La progression dans cette 6tude ne sera

donc nullemont dialectique, mais purement intonslvo, ne pro-

codant que par circonvolutions, reprises (sans prises ni

saisies), redondances (non tautologiques mais hyperboliques),

spiralisations et creusements.

  [illustration]

 8
Si les "voix" de nombreux autours se rencontrent

tout au long de ce texte, ce n'est jamais pour les reduire

les unes aux autres, pour les confondre ou les unifier, car

la diversite et l'originalite de la pensee de ces auteurs

d'horizons radicalement differents exigent qu'en soient

sauvegardees les specificites, les tonalites propres ot les

distances. Ces "voix' ne s'entrecroisent ici, sans jamais

se recouvrir, que dans la seule intention de mettre on va-

leur une certaine solidarite do souci, d'intorrogation et

d'5tonnement dans le travail et la patience de la pensee;

w dans la solitude de la passion de la pensee.

C'ost donc pour attester et temolgnor que l'on ne

parle ot n'4crit LOlllOurS que dans l'6coute et l'6cho, ot

la reconnaissance, de la ponseo des autres, ot que l'on ne

s'achemine jamais que par un pas-d-pas attentif et soucieux

des jeux de traces, pistes et erres do la marche des autres.

Car il ost vrai "que l'on ne parlerait, ne penserait, n' crriw

rait jomais que pour cette raison, non "qu'il y a de 1'Stro",

mais, si l'on peut toutefois s'exprimer ainsi, qu'il y a de

lalllre – ie. des hommes. Comme si l'on ponsait et parlait,

non pour impersonnellement repondro a l'appel de le6tro (.e.)

mais parce que d'autres ont ponse, pense en premiere person-

ne, repondu de responsabilite a une inquictudo dont on no

saurait doterminer par avance d'ou elle vient – autros qui,

a leurs tours, vionnent, en nom propre, nous inquieter, nous

oxposer a l'inquictude. Mais comme si, & la fois, ne par-

lant jamais que par los autros, l'on no ponsait et parlait

jamais non plus que pour los autros."()

 ""Il Y a de l'autre", par et pour lequel toute
pensee, toute parole, se font possibles et necessaires;

"il y a de l'autre" qui touiours inter-pelle, et dans et

& l'appel duquel le moi doit sans cesse se livrer; lo moi

absolument requis et charge d'ecoute, de reponse, d'atten-

tion, de patience, de gratitude ot de souci, d'ochange ot

de signifiance POUR L'AUTRE. De JUSTICE.

w "Il Y..R do l'eutre", et tout texte se situe en

sa proximite (lointeine), touto parole so love en son echo,

toute ecriture so trace en ses confins d'abords; "il y a de

I'autro": e seuil infrayable, infranchissable ot souverain;

– 6crire, ce serait alors tonir vigie du scuil.

w– "Il Y a de l'autre'. – hors-texte introduisant

tout texte, l'extra-vaguant, l'accompagnant, l'in-achovant,

lo contre-signant; "il y a de l'autre" qui toujours deid a

parle, pense, passo, et dont lo dit sans cesse rosurgit

d'entre l'oubli et le silence, transperce ot tremble au

vif de tout texte. – Tout toxte ast polyphone, glissement

de repons.

" Citen, alors, co serait cela: donner temps et

place au dit de l'autre, se laisser ColDer et suspendre la

parole per celle des autres, consentir & la discontinuito,

& l'intorruption, au heurt et a la fascination. Citer serait

une maniere de so retirer, de s'offacer at s'cublier regulid--

rement pour mieux re-con-parattre personpelloment en cat

 anonymat. Citer n'est pas un appui, surtout pas une preuve
ni une reference, et absolument pas un enracinement; mais

loin de consolider le texte, les citations le dechirent, le

creusent, le "detruisent", le ruinent; le deracinent.

Texte troud de toutes parts, – PERSONA a bouche

'ombre dol se pro-fere une voix anonyme (mais non imper.

sonnelle) ot plurielle.

Citations elles-memes arrachees au corps d'autres

textes, qui sont alors par la meme a lour tour morcelles,

fragmentes, de-composes, des-oeuvres.

w Les images qui scandent le texte relevent du

meme "arrachoment' ot participent de l'errance narrativo;

elles ne so proposent donc pas comme dos "exemples', mais

simplement comme des ILLUSTRATIONS au sens de: lustrer,

laver, oclairer; I'image ouvre une pause, un glissement,

un silence, dans le murmure du texte qu'elle "blanchit

ot "6claire" d'une blancheur sourde ot grave, d'une clartd

ol Iombre encore se poursuit.

– Ecrire consiste donc en ce porpituol arracholanto

cet incessant deracinement, re-composant par une constella-

tion do fragmonts ot d'oclats une figure nouvelle, un CHIIF.

TRAGE inodit; les citations et images n'ont donc ici d'autre

intention que do laisser so Drofiler l'inattendu du visage

dans los interstices et les absonces d'un texte constellaire.

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LES NOMS DE PERSONNES DONT LE DIRE SIGNIFIE UN VISAGE-

(ece) ne nous aident-ils pas a parlor?"(2)