A bre 1782
Demeurez longtemps, mon cher Ami ; dans votre beau
paradis terrestre, puisque le celeste ne vous touche
guères. Croyez qu’à cet égard je me pique d’une
modestie au moins égale à la vôtre. Mes vœux se
bornent a jouir de votre heureux sort, et j’avoue
que je vous porte envie du fond de mon purgatoire
où j’attends vainement, dans l’ennui et la tristesse,
que la main tutélaire de quelque bon ange vienne
opérer ma délivrance.
humblement le cu de Freron ; grand bien
lui fasse ! Au reste vous avez peut être vu et
mieux apprecié que moi son œuvre. J’y trouve
dans une lettre à
de poesie entierement gatée par l’éditeur, et
que j’avais mise dans vos poesies dites fugitives.
Elle commence ainsi :
Ainsi donc vous vous figurez,
Alors que vous possederez &c.
Otez la de votre recueil. Je suis persuadé que nous
aurons encore beaucoup de reformes de cette espece
a faire. Et c’est pour cela que j’avais insisté
pour que l’on n’imprimât rien des Epitres, odes, stances
petites pieces en Vers &c avant que toutes les lettres
fussent examinées et prêtes a passer sous la presse.
Je me suis douté que
en difficulté avec
a être appellé chez lui en août ou 7bre pour
examiner ces lettres et les livrer à
mais il ne m’a point écrit depuis plus de 8 mois.
+ Je suis charmé d’apprendre que
à
remplir la souscription, et faire taire les aboyeurs.
Vous me dites a ce sujet qu’on a chassé de
les chiens du fanatisme qui vont heurlant par
toute la f
Et qu’on les muselera de façon qu’ils ne pourront
pas seulement tirer la langue.
Voilà un texte admirable qui me réjouit l’ame.
Ajoutez y de grace quelques commentaires qui achevent
de fonder les belles esperances qu’il me donne. Ne
craignez pas de me dire tout ce que vous savez
a ce sujet. Vous connaissez ma discretion. Que
cela me console du moins de ce que vous me
dites du déperissement des beaux arts, et de
l’empire du mauvais goûst qui fait de toute part
d’enormes progrès. Cette campagne n’est pas
plus brillante en litterature qu’en guerre.
Notre bon temps est passé ; et cela ira de pis en
si l’on ne nous permet enfin de penser, de parler et d’écrire
comme ces fiers insulaires qui bravent en se
jouant l’effort de tant de nations.
Adieu, portez vous bien et ne m’oubliez pas
tout a fait de votre
A Monsieur
a l’ancien hôtel d’hollande
Vieille rue du temple
A Paris