Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - IV, 05 : Des Lares Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1627 Fiche : Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

Des Lares.

CHAPITRE V.

Origine & naiſſance des LaresLES lares ſont d’autre race que les Penates & Genies; car on dit que Mercure d’vn embraſſement & acte venerien deſrobé & pris par force, eut deux gemeaux de Lare fille d’Almon : d’autant que la meſme Lare ayant decelé à Iunon les paillardiſes de Iupiter, il en entra en ſi grande cholere qu’il luy couppa la langue, & la chaſſa aux Enfers : & comme par le commandement de Iupiter Mercure l’y menoit, il la forca ſur le chemin, d’où naſquirent ces Demons qu’on appelle Lares. Nous apprenons cette hiſtoire d’Ouide au 2. liure des Faſtes :

Iupiter ſe cholere, et luy couppe la langue. Puis fait venir à ſoy Mercure port-harangue : Sus (dit-il) qu’on l’emmene aux enfers viſtement, Pour auoir babillé trop indiſcrettement. (Ce lieu conuient fort bien à ceux qui par ſilence Se ſçauent empeſcher de commettre inſolence.) Elle ſera bien Nymphe, ouy, mais au creux manoir. Or Mercure accomplit de Iupin le vouloir. Les voicy paruenus dedans vn verd boſcage : Où ce Dieu guide épris d’vne amoureuſe rage, Luy voulut faire force : elle pour reſiſter, Tache par ſon diſcours au contraire inſiſter. Or tout ce qu’elle peut, c’eſt de geſte, eſperduë, Refuſer ſon deſir : mais c’eſt peine perduë. Car elle deueint groſſe, & fit deux enfançons, Qui gardent les carfours, les deux Lares beſſons, Qui d’un œil clair-voyant veillent ſur nos familles, Nos foyers, nos logis, nos ruës & nos villes.

Feſtes Compitales des Lares, & leurs ſacrifices.Cette Lare, ou (ſelon d’autres) Laronde, a eſté par aucuns nommee Manie : à laquelle enſemble auec les Lares on ſolemniſoit certaines feſtes és carrefours, leſquelles pour ce regard s’appelloient Compitales, & ce par la reſponſe & auis de l’oracle, & vn temps fut que les Romains luy ſacrifioient des enfans pour le ſalut & la conſeruation de leurs familles. Car ils croyoient que ſi quelque famille eſtoit en danger de courre fortune, Manie la deſtournoit par le moyen de tel ſacrifice. Offices & commiſſions des LaresPuis apres changeans de facon de faire, au lieu d’enfans ils luy firent offrande de teſtes d’aulx & de pauot. Les Anciens auoient opinion que ces Demons euſſent la charge des carrefours, des ruës & des villes, comme il appert par le teſmoignage ſuſdit d’Ouide. Chiens pourquoy dediez aux Lares.Les Chiens leur eſtoient dediez auſſi bien qu’à Diane, parce qu’on croyoit qu’ils euſſent vn ſoing commun entre eux des familles. Le foyer pareillement leur eſtoit conſacré & penſoit-on qu’ils fuſſent gardiens & protecteurs des maiſons ne plus ne moins que les Penates : & de fait beaucoup de gens croyent qu’il n’y a point de difference des vns aux autres qu’és noms ; & pour cette raiſon ils appelloient anciennement du nom de Lar, leur foyer & toute leur maiſon & famille. On leur a auſſi donné la protection des heritages, comme dit Tibulle au 1. de ſes Elegies :

Lares, iadis tuteurs d’vne terre bien riche, Mais qui n’eſt à preſent qu’vn pauure & maigre friche.

Et d’autant qu’on cuidoit les Penates & Lares n’eſtre qu’vn, il faut faire eſtat que tout ce qui ſe dit des vns ſe peut auſſi appliquer aux autres. C'eſtoit en outre la couſtume d’offrir aux Lares du vin & odeur d’encens, & de charger leurs autels de diuerſes guirlandes de fleurs, quelquesfois on leur preſentoit auſſi des fleurs non liees & les primices des grains. Or entrons au diſcours de Pallas.