Des ieux Pythiens.
CHAPITRE III.
pythestai, c’eſt à dire interroger & demander. La Pythiade en laquelle Achmeas Parapotamien vainquit tous ſes compagnons à coups de poing, fut la premiere en laquelle les hommes iouſterent, ſelon Pauſanias. Puis apres en la ſuiuante les Amphictyons preſidens eſdits ieux, ainſi nommez d’Amphictyon fils de Deucalion, ou bien (ſelon le dire de quelques vns) d’Amphictyon fils de Helenus, qui fut auteur de cette aſſemblee, ce qui auint en la 48. Olympiade, chaſſerent tous les meneſtriers & ioüeurs d’inſtrumens, pource qu’ils chantoient ie ne ſçay quels airs & chanſons triſtes & mal-plaiſantes à ouyr, & qui n’eſtoient point de bon preſage. Car les elegies, c’eſt à dire, vers pitoyables & accords dolens, leur eſtoient plus couſtumiers qu’aucune maniere de reſiouyſſance telle qu’on la requeroit és ieux qu’on ſolemniſoit. Puis on ſe contenta de receuoir pour le prix & enſeigne de victoire vne couronne, ou guirlande, au lieu qu’auparauant le prix ſe payoit en argent. On y adiouſta auſſi la courſe des cheuaux, & le premier qui l’emporta fut Clyſthene Roy de Sicyone : & tous les exercices qui ſe prattiquoient és Olympiques furent admis en ceux-cy, auec vne ordonnance portant que les garçons ſeuls feroient leurs iouſtes tant à la longue, qu’à la double courſe, dés le matin : car on combattoit auſſi en chariot és ieux d’Olympe. En la 8. Pythiade les ioueurs de violes y furent admis, en laquelle Agelaus Tegeate fut couronné. En la 48. on commença de courir en chariot à deux cheuaux, en laquelle Excceſtiade Phocien eut la victoire. En la cinquieſme d’apres on les attella de quatre Poullains, & Orphondas Thebain vainquit tous ſes compagnons. Puis apres en la ſoixantieſme l’eſcrime à outrance fut receuë entre les garçons, & leur fut auſſi permis de courre à deux Poullains tout neufs, & non dreſſez, plus tard que ne firent les Eleens. Ce fut alors que Laïdas de Thebes fut declaré vainqueur : & quelque temps apres on commença aussi à courre auec vn Poullain tout ſeul, où Lycormas Lariſſeen eut la couronne de Laurier :
Car au commencement des ieux Pythiens on ne ſçauoit encore que c’eſtoit que de Laurier : & depuis qu’on l’eut trouué, il donna ſujet a la fable ſuſdite de Daphné, & le trouua-on ſi beau qu’on en couronna ceux qui auoient le mieux faict. Or ce paſſage d’Ouide nous apprend que ny les Amphictyons, ny le fils de Deucalion n’inuenterent pas les ieux Pythiens, mais bien Apollon, de ioye qu’il eut de la victoire par luy obtenuë contre Python, & que leurs exercices eſtoient preſque de meſme ceux des Olympiques. Les autres diſent que ny la Palme, ny le Cheſne, ny le Laurier, n’eſtoient pas le prix & le payement des vainqueurs : ains qu’on leur faiſoit preſent de quelques pommes conſacrees à ce Dieu. Mais la cauſe eſt pource que ces esbatemens & le prix qu’on y propoſoit, & les ſaiſons eſquelles on les exhiboit, changerent ſouuent : car du commencement on ne les celebroit que de neuf en neuf ans, puis on les remit à cinq ans, pource qu’on dit qu’autant de Nymphes de Parnaſſe vindrent offrir leurs preſens à Apollon apres qu’il eut aſſommé cette hideuſe beſte de Python. Il eſt temps de dire quelque choſe de ceux qu’on ſolemniſoit au bois de Nemee.