Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - V, 03 : Des Pythiens Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1627 Fiche : Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

Des ieux Pythiens.

CHAPITRE III.

Inſtitution des ieux Pythiens.LES ieux Pythiens furent inſtituez long temps deuant les Iſthmiens, toutesfois apres les Olympics, & ſe faiſoient à l’honneur d’Apollon, ayans pris leur commencement dés lors qu’il eut à coups de traits aſſommé Python, inſigne voleur à Delphes, qui pourrit là ſans ſepulture ; Liu. 4 : c. 12.toutefois d’autres diſent que ce fut vn Serpent, comme nous auons veu cy-deſſus. Les autres diſent qu’ils furent mis en prattique, pource qu’Apollon ayant appris l’art de deuiner de Pan, qui poliça les villes d’Arcadie de bonnes & honneſtes loix, s’en vint au lieu dedié aux propheties, où Themis prediſoit les choſes à venir, & donnoit reſponſe à ceux qui alloient là au conſeil, & que mettant à mort Python pour lors preſident au trepied prophetique, il ſe ſaiſit de ſa place. Or quand ces ieux commencerent, le plus ancien esbatement fut de chanter en faueur d’Apollon des airs & hymnes à la fluſte, harpe & cithre, leſquels on faiſoit chanter par les ioüeurs d’instrumens. Exercices des ieux Pythiques. Ces iouſtes changerent par pluſieurs fois de façon & ceremonies : & premierement on y inſtitua le Pancrace ou Cinquerce, Pythiade ſignifie l’annee des ieux Pythiens.& dit-on qu’en la premiere Pythiade, en laquelle les Dieux & Heros iouſterent, Caſtor emporta le prix de la carriere, Pollux à coups de poing, Calaïs à la courſe legere, Zetés tout armé, Pelee au diſque, Telamon à la lutte, Hercule au Pancrace ; tous leſquels furent guirlandez de chapeaux de Laurier lors qu’Apollon eſtablit tels paſſe-temps. Les autres veulent dire qu’ils furent nommez Pythiens du lieu où ils ſe celebroient dict Pytho : ou bien du mot pythestai, c’eſt à dire interroger & demander. La Pythiade en laquelle Achmeas Parapotamien vainquit tous ſes compagnons à coups de poing, fut la premiere en laquelle les hommes iouſterent, ſelon Pauſanias. Puis apres en la ſuiuante les Amphictyons preſidens eſdits ieux, ainſi nommez d’Amphictyon fils de Deucalion, ou bien (ſelon le dire de quelques vns) d’Amphictyon fils de Helenus, qui fut auteur de cette aſſemblee, ce qui auint en la 48. Olympiade, chaſſerent tous les meneſtriers & ioüeurs d’inſtrumens, pource qu’ils chantoient ie ne ſçay quels airs & chanſons triſtes & mal-plaiſantes à ouyr, & qui n’eſtoient point de bon preſage. Car les elegies, c’eſt à dire, vers pitoyables & accords dolens, leur eſtoient plus couſtumiers qu’aucune maniere de reſiouyſſance telle qu’on la requeroit és ieux qu’on ſolemniſoit. Puis on ſe contenta de receuoir pour le prix & enſeigne de victoire vne couronne, ou guirlande, au lieu qu’auparauant le prix ſe payoit en argent. On y adiouſta auſſi la courſe des cheuaux, & le premier qui l’emporta fut Clyſthene Roy de Sicyone : & tous les exercices qui ſe prattiquoient és Olympiques furent admis en ceux-cy, auec vne ordonnance portant que les garçons ſeuls feroient leurs iouſtes tant à la longue, qu’à la double courſe, dés le matin : car on combattoit auſſi en chariot és ieux d’Olympe. En la 8. Pythiade les ioueurs de violes y furent admis, en laquelle Agelaus Tegeate fut couronné. En la 48. on commença de courir en chariot à deux cheuaux, en laquelle Excceſtiade Phocien eut la victoire. En la cinquieſme d’apres on les attella de quatre Poullains, & Orphondas Thebain vainquit tous ſes compagnons. Puis apres en la ſoixantieſme l’eſcrime à outrance fut receuë entre les garçons, & leur fut auſſi permis de courre à deux Poullains tout neufs, & non dreſſez, plus tard que ne firent les Eleens. Ce fut alors que Laïdas de Thebes fut declaré vainqueur : & quelque temps apres on commença aussi à courre auec vn Poullain tout ſeul, où Lycormas Lariſſeen eut la couronne de Laurier : & la ſeptieſme Pythiade d’apres les chariots à deux Poullains furent receus, en laquelle Ptolemee Macedonien emporta le prix. Couronne des ieux Pythiens.En tous ces esbatemens on donnoit au vainqueur vne guirlande de Laurier, qui eſtoit particuliere auſdits ieux, pource qu’on croyoit qu’elle fuſt plus agreable à Apollon, à cauſe du conte que l’on fait de la fille de Ladon qu’Apollon aima tant, & qui fut tranſmuee en cet arbre. Toutesfois d’autres veulent dire que les ieux Pythiques furent ordonnez long temps deuant qu’Apollon fiſt l’amour à la belle Daphné ; & deuant qu’on ſceuſt que c’eſtoit que de Laurier, on faiſoit les couronnes de victoire, ou de Palme, ou d’arbres à gland, teſmoin Ouide au 1. des Metamorphoſes.

Il ordonna des ieux de celebre exercice Sacrez à ſon honneur auec prix de milice, Les nommant Pythiens, de ce ſerpent infect Qu’il auoit vaillamment à coups de traits defaict. Quiconque en ces ieux-là de la verte Ieuneſſe En la lice emportoit & l’honneur & l’addreſſe A l’eſcrime, à la courſe, au chariot poudreux, De cheſne on guirlandoit ſon chef victorieux Par diuers entrelas de verdoyant fueillage. Le Laurier n’eſtoit pas encores en vsage : Meſme Apollon preſent ſa teſte couronnoit Des treſſes de rameaux qu’és arbres on prenoit.

Car au commencement des ieux Pythiens on ne ſçauoit encore que c’eſtoit que de Laurier : & depuis qu’on l’eut trouué, il donna ſujet a la fable ſuſdite de Daphné, & le trouua-on ſi beau qu’on en couronna ceux qui auoient le mieux faict. Or ce paſſage d’Ouide nous apprend que ny les Amphictyons, ny le fils de Deucalion n’inuenterent pas les ieux Pythiens, mais bien Apollon, de ioye qu’il eut de la victoire par luy obtenuë contre Python, & que leurs exercices eſtoient preſque de meſme ceux des Olympiques. Les autres diſent que ny la Palme, ny le Cheſne, ny le Laurier, n’eſtoient pas le prix & le payement des vainqueurs : ains qu’on leur faiſoit preſent de quelques pommes conſacrees à ce Dieu. Mais la cauſe eſt pource que ces esbatemens & le prix qu’on y propoſoit, & les ſaiſons eſquelles on les exhiboit, changerent ſouuent : car du commencement on ne les celebroit que de neuf en neuf ans, puis on les remit à cinq ans, pource qu’on dit qu’autant de Nymphes de Parnaſſe vindrent offrir leurs preſens à Apollon apres qu’il eut aſſommé cette hideuſe beſte de Python. Il eſt temps de dire quelque choſe de ceux qu’on ſolemniſoit au bois de Nemee.